Le locataire de la Maison-Blanche dit vouloir imposer des droits de douane aux films américains fabriqués à l’étranger.
Il s’appuie sur le fait que de nombreux pays, dont la France, ont mis en place des crédits d’impôts visant à attirer les tournages.
Voici trois exemples de superproductions qui bénéficient d’un système qui, jusqu’ici, semblait profiter à tout le monde…
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Le second mandat de Donald Trump
En annonçant des droits de douane « de 100% sur les films diffusés aux États-Unis, mais produits à l’étranger », Donald Trump vient-il d’écrire la première ligne d’un scénario catastrophe pour l’industrie hollywoodienne ? Sur le papier, le président américain s’appuie sur un constat objectif : la plupart des blockbusters actuels sont tournés en partie ou en intégralité à l’étranger, de nombreux pays proposant de généreux crédits d’impôts pour attirer des productions qui font vivre l’économie locale – techniciens, lieux de tournages, retombées touristiques – avant de générer des milliards de dollars au box-office. A priori tout le monde est gagnant…
Dans son message posté sur Truth Social, l’homme d’affaires républicain évoque « un effort concerté de la part d’autres nations » qui représente « une menace pour la sécurité nationale ». Le mot est sans doute un peu fort – ou mal choisi – pour décrire une réalité plus complexe. Si les studios « délocalisent », c’est pour des raisons à la fois financières et créatives qu’il semble difficile de détricoter, à moins d’ébranler tout le système. Voici quelques exemples concrets…
« Star Wars »
Après avoir filmé les extérieurs de la planète Tatooine en Tunisie pour La Guerre des Étoiles en 1976, George Lucas avait posé ses caméras dans les vastes studios britanniques de Elstree, à une heure au Nord du Londres, afin de mettre en boite toutes les séquences intérieures. Séduits par l’ampleur des lieux – et le talent des comédiens britanniques qui sont légion à l’écran – il a fait du Royaume-Uni la deuxième maison de l’une des franchises les plus lucratives de l’Histoire du cinéma. Depuis son rachat par Disney en 2012, c’est dans les studios de Pinewood et de Leavesden qu’ont été tournés tous les nouveaux épisodes, spin-offs et séries dérivées pour Disney+.
C’est notamment le cas de Andor, dont la saison 2 est disponible depuis quelques jours sur la plateforme de la firme aux grandes oreilles. Pour les extérieurs, le showrunner Tony Gilroy et ses équipes ont également investi le petit village de Little Marlow, dans le Buckinghamshire, d’importantes retombées financières à la clé. En traversant l’Atlantique, les producteurs de Star Wars ont économisé plusieurs centaines de millions de dollars grâce la généreuse politique de crédit d’impôts du gouvernement britannique. Tout en permettant à l’industrie locale de survivre, dans un pays où les aides publiques sont bien moins nombreuses qu’en France, par exemple.
« Avatar »

Depuis 2007, James Cameron tourne l’essentiel de sa saga de science-fiction à Wellington, en Nouvelle-Zélande, siège social de Weta, la société d’effets spéciaux de Peter Jackson, pionnière en matière de « motion capture » avec la trilogie du Seigneur des Anneaux. Rien que sur le premier volet, près de 900 techniciens locaux ont été embauchés à temps plein, tandis que des serveurs informatiques d’une puissance inédite ont été mis en place afin d’héberger les créations des artistes qui travaillent pour le génial cinéaste canadien.
Dans un pays où 80% des tournages sont liés à des productions étrangères, sa volonté de réaliser plusieurs suites a tout de suite été perçue comme une aubaine par le gouvernement. Imitant son homologue britannique, il a donc mis en place un crédit d’impôt de 20% sur les dépenses engagées sur place par la production. À tel point que le cinéaste a annoncé de s’y installer à temps plein en 2023. Alors que le troisième volet est en boite, pour une sortie à Noël prochain, deux autres épisodes sont en cours de fabrication jusqu’à 2031.
« Mission : Impossible »
D’avril à mai 2017, Tom Cruise et le réalisateur Christopher McQuarrie ont posé leurs caméras durant 36 jours à Paris pour les besoins de Mission : Impossible – Fallout, le plus gros tournage jamais effectué dans la capitale française. Jusqu’à 500 techniciens français ont été embauchés à temps partiel ou complet, pour des dépenses à hauteur de 25 millions d’euros.
C’est là encore les conséquences des crédits d’impôts alloués aux productions américaines par l’État français, agacé de voir les studios hollywoodiens privilégier le Royaume-Uni ou l’Europe de l’Est depuis plusieurs années.
D’après une étude publiée en 2023 par le CNC, ces allégements fiscaux ont généré 3 milliards d’euros de retombées pour l’économie française de 2017 à 2021. Ce sont désormais les plateformes de streaming qui en profitent à plein régime avec des séries à succès comme Emily in Paris sur Netflix ou The Walking Dead : Daryl Dixon sur Paramount+. Seront-elles également concernées par les annonces de Donald Trump ? À ce stade, le flou le plus total plane sur la manière dont le président compte taxer ces productions pour les inciter à revenir en Amérique…