- Le puissant séisme qui s’est produit dans la nuit de mardi à mercredi au large de la Russie orientale a provoqué des alertes au tsunami dans tout le Pacifique.
- Pour en savoir plus sur ce phénomène, TF1info a contacté Nicolas Shapiro, sismologue à l’Institut de sciences de la Terre (ISTerre) à Grenoble (Isère).
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Un tsunami dans le Pacifique après un puissant séisme au large de la Russie
Une grosse frayeur. Le séisme de magnitude 8,8, survenu mercredi 30 juillet vers 1h25 (heure de Paris) au large de la péninsule russe du Kamtchatka, en Russie orientale, a provoqué des alertes au tsunami (nouvelle fenêtre) dans tout le Pacifique. L’épicentre du séisme était situé à 126 km au large de la ville de Petropavlovsk-Kamtchatski, à une profondeur de 18,2 km, selon l’Institut américain de géophysique (USGS), basé à Hawaï.
La secousse a engendré une onde océanique et les principaux pays riverains du Pacifique coordonnent leurs observations pour anticiper au mieux tout risque de tsunami, alors que des ordres d’évacuation ont été déclenchés dans plusieurs pays de la zone. Pour en savoir plus, TF1info a contacté Nicolas Shapiro, sismologue à l’Institut de sciences de la Terre (ISTerre) à Grenoble (Isère).
Est-ce la première fois qu’un tremblement de terre d’une telle magnitude se produit dans cette région ?
Nicolas Shapiro : C’est le plus grand séisme enregistré dans cette zone depuis 73 ans. En 1952, un séisme de magnitude 9, soit l’un des cinq plus grands séismes jamais enregistrés dans l’Histoire, était survenu pratiquement au même endroit et avait provoqué des tsunamis dans tout l’océan Pacifique. Le séisme de ce mercredi a été déclenché par le glissement d’une plaque tectonique sous une autre plaque, ce qu’on appelle une subduction.
La région du Kamchatka et des Îles Kouriles est une des zones sismiques les plus actives de la planète, car elle se trouve au point de rencontre entre les plaques tectoniques Pacifique et Nord-Américaine. Dans cette zone, on enregistre des séismes de magnitude 7 environ tous les quatre ou cinq ans. Un séisme de cette magnitude, c’est rare, mais pas anormal. On s’attendait à ce que cela arrive un jour ou l’autre. Heureusement, celui-ci a eu lieu dans une zone relativement éloignée des côtes. Dans ce cas-là, le danger le plus important, c’est le tsunami.
C’est peu probable, mais il est possible qu’un autre grand séisme survienne dans les jours à venir
C’est peu probable, mais il est possible qu’un autre grand séisme survienne dans les jours à venir
Nicolas Shapiro
Le choc sismique a produit une onde océanique, ce qu’on appelle plus communément un tsunami. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce phénomène ?
Quand le séisme se produit, le plancher océanique bouge. Il y a une partie qui descend, l’autre qui remonte, ce qui génère des énormes vagues qui se propagent dans l’océan. Au fur et à mesure que ces vagues océaniques progressent en direction des côtes, la profondeur de l’océan diminue, ce qui a pour effet de concentrer l’énergie véhiculée par le tsunami.
De ce fait, l’onde peut se déplacer sur des distances considérables et venir frapper des côtes situées à des milliers de kilomètres de l’épicentre. Et c’est la raison pour laquelle il y a eu des alertes dans tout le Pacifique. Des vagues de 1,30 m, comme celles enregistrées au Japon, c’est un tsunami plutôt modéré. Des vagues dépassant 3 mètres, comme celles attendues dans l’archipel des Marquises, en Polynésie française, c’est déjà plus embêtant.
Le service sismologique du Kamtchatka a indiqué que des répliques étaient attendues. Doit-on s’en inquiéter ?
Dans la grande majorité des cas, il y a un séisme majeur suivi de répliques plus petites. Pour des séismes de cette amplitude, on a très peu de cas dans le passé. Donc, c’est difficile à dire. C’est peu probable, mais il est possible qu’un autre grand séisme survienne dans les jours à venir. Depuis une vingtaine d’années, un système d’alerte au tsunami a été mis en place dans cette région de la Russie et, cette fois, il a fonctionné, puisqu’il y a eu des alertes et des ordres d’évacuation. D’après les premières informations, il n’y aurait pas eu beaucoup de dégâts majeurs.