Le fait d’avoir gardé pendant tout l’été un gouvernement favorable à l’austérité aura d’importantes conséquences sur la politique économique de l’année 2025. Le gouvernement est certes démissionnaire et ne peut pas prendre de décret ni faire voter de loi, mais il a dirigé la préparation du budget 2025. Celle-ci demande un important travail de la part des administrations durant l’été pour développer en détail les options qui seront ensuite discutées au Parlement. Ce travail préalable contraindra le nouveau gouvernement qui n’aura que peu de temps pour peser sur le projet de budget.

Les informations qui ont filtré tout au long de l’été, depuis les prises de position par rapport à la procédure pour déficit public excessif, lancée par la Commission européenne, jusqu’aux « lettres plafonds » envoyées par Gabriel Attal, indiquent un budget d’austérité. Au-delà de la question démocratique qui se pose qu’un gouvernement ayant perdu les élections fasse des choix financiers importants, ce budget d’austérité ne sera ni nécessaire ni bénéfique.

Ce n’est pas nécessaire car le sérieux budgétaire ne nécessite pas l’austérité. Etre sérieux signifie se mettre en capacité de financer les dépenses publiques. Le dérapage budgétaire de l’année en cours a amené le gouvernement à prendre un décret d’annulation de crédit de 10 milliards d’euros en février, c’est-à-dire une correction par les dépenses et non par les recettes. Or, la cause n’était pas un surplus de dépenses par rapport aux prévisions mais un manque de recettes. Selon l’Insee, la hausse du déficit public était déjà due en 2023 à une baisse des recettes de plus de 2 % du PIB, atteignant un niveau inférieur à la période pré-Covid, alors que les dépenses baissaient de 1,5 % du PIB.

Importance des services publics

Le manque de sérieux était de couper de manière non contrôlée les impôts, par exemple la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, impôt finançant les collectivités territoriales, dont la suppression progressive depuis 2021 a encore pesé de 4,2 milliards d’euros sur le budget 2023 et 1,4 milliard d’euros supplémentaires sur le budget 2024. Ainsi, un budget sérieux pour 2025 doit travailler à trouver le financement des dépenses publiques indispensables plutôt que d’hypothéquer le fonctionnement global du pays par de nouvelles coupes budgétaires.

S’enfoncer dans l’austérité n’augure rien de bon pour les années à venir. A l’heure où les économies occidentales montrent des signes de ralentissement et où les ménages n’ont toujours pas récupéré de la récente période d’inflation, une austérité budgétaire ne pourrait que pousser à la récession. Celle-ci, par les baisses de production, entraînerait des pertes d’emplois et donc de revenus monétaires pour les ménages, de la même manière que les politiques d’austérité à partir de 2010 avaient fait replonger l’économie mondiale dans une seconde phase de crise.

Il vous reste 52.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version