Les chiffres encourageants, bien que relatifs, de trajectoires d’émissions de CO2 en Europe ne doivent pas pour autant masquer la réalité. Sur le front du climat, après les mauvais records de 2023, où la planète a connu son année la plus chaude de l’histoire, il est « de plus en plus probable » que 2024 va battre ce triste record, selon l’observatoire européen Copernicus, nous rapprochant de l’objectif limite de 1,5 °C mentionné dans l’accord de Paris. Les émissions mondiales de CO2 d’origine fossile n’ont jamais été aussi élevées (+ 1,1 % en 2023, avec un record de 36,8 milliards de tonnes, selon le 18e rapport annuel de Global Carbon Project).

Les réponses pour inverser ces tendances sont limitées. L’appel à la sobriété ne semble pas audible dans un système capitaliste fondé sur la croissance et la consommation. En novembre 2023, le mini-psychodrame gouvernemental déclenché par la campagne de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pour promouvoir la sobriété auprès des Français a révélé le poids des injonctions contradictoires. Comment, en effet, appeler à moins consommer lorsque toute notre organisation économique et sociale nous invite à consommer davantage ?

Il n’y aurait donc pas d’issue en dehors d’une transition écologique fondée sur le recours à des technologies vertes, orientée par des mécanismes de marché corrigés par les interventions publiques sous forme de règlements, de taxes, de quotas ou de subventions.

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Pourtant, l’efficacité et la sincérité de ce capitalisme vert pour inverser les trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre, et plus généralement pour assurer le découplage de la croissance économique de son impact environnemental, n’ont pas encore été à ce jour démontrées.

Coloration plus kaki

A défaut de se verdir à un rythme suffisant, le capitalisme s’inscrit dans une autre tendance à la coloration plus kaki, sous une forme plus militarisée et plus sécuritaire. Avec une croissance de 6,8 % des dépenses militaires dans le monde en 2023, selon les données du dernier rapport du Stockholm International Peace Research Institute (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, Sipri), le secteur de l’industrie militaire a le vent en poupe dans un contexte de guerre et d’insécurité croissante.

Le marché de la sécurité privée ou publique est également en croissance, comme le montre par exemple le succès croissant du Milipol, le salon international de la sécurité des Etats qui se tient tous les deux ans à Paris. Ajoutons la guerre cybernétique et informationnelle, dont la technologie numérique augmente les potentialités, qui alimente un secteur dynamique associé notamment à la cybersécurité.

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