Un donneur danois, dont le sperme a été utilisé pour faire naître au moins 67 bébés en Europe, a transmis à au moins dix d’entre eux un cancer.
L’homme était porteur d’une variante génétique rare favorisant la survenue de cancers précoces.
Une affaire qui relance la question du nombre de naissances possibles via un seul donneur.

Sur les quelque 67 bébés nés de ce don de sperme, au moins 23 sont concernés par la rare mutation génétique de leur donneur. Samedi 24 mai, le Guardian (nouvelle fenêtre) relate l’histoire d’un donneur de sperme danois qui a transmis son gène à des dizaines d’enfants, dont au moins 10 ont été diagnostiqués d’un cancer précoce. Le média rapporte que ce donneur est atteint d’un variant sur l’un de ses gènes et atteint du syndrome de Li-Fraumeni, un syndrome très rare qui favorise la survenue de cancers précoces.

L’affaire a été révélée lorsque deux familles ont contacté leurs cliniques de fertilité après que leurs enfants ont développé des cancers qui semblaient liés à une variante génétique rare. La Banque européenne de sperme, qui avait fourni le sperme, a confirmé que la variante d’un gène appelé TP53 était présente dans une partie du sperme du donneur. À l’issue de cette découverte, 67 enfants issus de 46 familles dans huit pays européens, nés entre 2008 et 2015, ont été soumis à des tests. La variante génétique a été retrouvée chez 23 d’entre eux, dont 10 ont été diagnostiqués d’un cancer, notamment des leucémies et des cancers du système lymphatique.

Un « risque de dissémination artificielle d’une maladie génétique »

Ce cas devait être présenté samedi à Milan lors d’une conférence de la Société européenne de génétique par Edwige Kasper, docteur en pharmacie et biologiste en oncogénétique au CHU de Rouen. Cette dernière doit y faire passer un autre message : limiter le nombre de naissances issues d’un même donneur. Au Danemark, pays d’origine de celui concerné, la limite est fixée à 75 naissances. « C’est énorme ! Et je ne sais pas de quand date cette limite, le nombre était peut-être encore plus important à l’époque de ce donneur précis », a-t-elle indiqué au Figaro (ce qu’a confirmé la clinique au quotidien français). 

Outre les risques de consanguinité, « cela crée un risque de dissémination artificielle d’une maladie génétique. Dans la vie normale, il est extrêmement rare qu’un papa donne naissance à 75 enfants », précise Edwige Kasper. C’est pourquoi elle appelle à une harmonisation des législations, et à privilégier des dons de sperme en France, où la limite est fixée à 10 dons par donneur.

De son côté, la clinique se défend de toute négligence. « Les donneurs de sperme subissent un examen médical approfondi, une analyse des antécédents familiaux et des tests pour détecter d’éventuelles maladies génétiques et infectieuses », a indiqué la société danoise au Figaro. « Cependant, il est impossible de réduire tous les risques et, dans ce cas précis (…), les méthodes de dépistage systématiques ou préventives n’auraient pas permis de détecter cette mutation. »

J.F.

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