Un dirigeant de société de 60 ans a été condamné lundi à cinq ans de prison, dont un ferme, pour harcèlement et « revenge porn » visant son ex-compagne.
Pendant 12 ans, il a fait croire à sa femme qu’il était un agent de la DGSE et l’a manipulée.

Pendant douze ans, il lui a fait croire qu’il était un agent de la DGSE pour l’isoler et pouvoir la manipuler à sa guise. Lundi 17 mars, un homme a été condamné en son absence à cinq ans de prison, dont un ferme, par le tribunal correctionnel de Nanterre pour harcèlement et « revenge porn » visant son ex-compagne.

Absent pour raisons médicales selon son avocat, Vincent C., dirigeant de société de 60 ans, était appelé à comparaître pour des faits de harcèlement étalés de 2007 à 2019 lors de la relation qu’il a entretenue avec la victime, Sabine, du même âge que lui. Il était aussi jugé pour avoir accédé frauduleusement à ses appareils informatiques et à ses comptes fin 2019, puis diffusé « une centaine de photos (…) sur lesquelles elle est dénudée », comme l’a rappelé la présidente du tribunal.

Le parquet avait requis trois ans d’emprisonnement dont un ferme contre le prévenu pour ces « infractions d’une gravité certaine ».

Aller dans des clubs libertins pour « faire baisser sa tension »

« Dès le début de la relation, il (…) a indiqué qu’il travaillait à la DGSE, qu’elle allait être surveillée, de même que ses proches, pour des raisons de sécurité », a relaté la présidente, relayant des propos de la plaignante lors d’une audition.

« Il lui a affirmé qu’il était gravement malade » et l’a convaincue « d’aller dans des clubs libertins pour soi-disant faire baisser sa tension », poursuit la présidente.

Ce faux espion « m’a coupée de l’ensemble de mon environnement familial, amical », se souvient la victime à la barre. « On se dit : ‘Elle est neuneu, elle se fait avoir’. Mais c’était machiavélique, ça a été monté étape par étape, j’avais plus de 30 personnes qui m’écrivaient de la DGSE, du gouvernement », décrit encore la plaignante. « Et puis un beau matin, on vous apprend dans un commissariat que tout ça était fake : vous devenez folle », dit-elle, en larmes.

« Est-ce du harcèlement moral ? », questionne la défense

« Il avait la paix par ce biais-là », justifie Philippe Benamou, l’avocat du prévenu. Il assure que les codes de ses comptes sur les réseaux sociaux « appartenaient à tous les deux », et que Sabine « adhérait » notamment à l’idée des soirées libertines. « Je réalise qu’il peut y avoir une déconvenue très grande, que ce n’est pas bien, mais pour autant est-ce du harcèlement moral ?« , a-t-il lancé au tribunal. Il avait plaidé la relaxe pour deux des trois infractions, son client admettant seulement avoir envoyé deux photos intimes d’elle au gendre de la victime. 


A.S avec AFP

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