Un Hongkongais a été condamné, jeudi 19 septembre, par un tribunal de Hongkong, à quatorze mois de prison pour avoir porté un tee-shirt arborant des slogans jugés « séditieux », devenant la première personne condamnée en vertu d’une nouvelle loi sur la sécurité nationale. Chu Kai-pong, 27 ans, avait plaidé coupable lundi de l’accusation d’« actes dans une intention séditieuse ».

M. Chu a été arrêté pour avoir porté un tee-shirt et un masque avec des slogans protestataires le 12 juin, une date associée aux grandes et parfois violentes manifestations pour la démocratie de 2019.

L’un des slogans figurant sur le vêtement de M. Chu, « Libérez Hongkong, révolution de notre temps », a été jugé « susceptible d’inciter à la sécession » lors d’une précédente procédure judiciaire.

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Le premier magistrat du tribunal, Victor So, a déclaré jeudi que la cour devait « refléter pleinement la position du législateur sur la gravité de l’infraction ». « L’accusé a profité d’un jour symbolique, avec l’intention de raviver les idées à l’origine des troubles », a déclaré M. So, faisant référence aux manifestations prodémocratie de 2019.

M. Chu avait déclaré que le slogan appelait au retour de Hongkong dans le giron britannique, selon le tribunal, et qu’il avait choisi cette tenue pour rappeler à la population du territoire les manifestations de 2019, lorsque ce slogan était largement utilisé par les manifestants.

Le Hongkongais a déjà purgé une peine de trois mois de prison pour sédition en janvier pour avoir porté et gardé dans ses bagages des vêtements et des drapeaux portant des slogans protestataires. Sarah Brooks, directrice d’Amnesty International pour la Chine, a estimé que l’emprisonnement de M. Chu pour son choix vestimentaire constituait « une atteinte flagrante au droit à la liberté d’expression ».

A l’issue d’un procès distinct, le même juge a condamné jeudi un ex-employé de banque à dix mois de prison pour avoir écrit des slogans « séditieux » sur des sièges de bus. Chung Man-kit, âgé de 29 ans, a été arrêté en juin et a reconnu avoir écrit des slogans tels que : « une nation autosuffisante, un Hongkong indépendant » et « libérer Hongkong, la révolution de notre temps » lors de trajets en bus. Le magistrat Victor So a déclaré que sa peine devait être dissuasive, afin de correspondre à « l’intention du législateur de prévenir les infractions avant qu’elles ne soient commises ».

Loi de la colonisation relancée en 2020

Hongkong a adopté en mars une loi plus stricte sur la sécurité nationale, la deuxième législation de ce type, après celle imposée par Pékin à la mi-2020 à la suite des grandes manifestations prodémocratie de 2019. La loi révisée a renforcé le délit de sédition pour y inclure l’incitation à la haine des dirigeants communistes chinois et a porté la peine d’emprisonnement maximale de deux à sept ans. Elle punit également cinq catégories de crimes : la trahison, l’insurrection, le sabotage, l’espionnage et l’ingérence extérieure.

Le délit de sédition a été introduit à l’époque de la colonisation britannique de Hongkong, qui a pris fin en 1997, mais avait été rarement appliqué jusqu’à ce que les autorités hongkongaises le relancent en 2020 et inculpent plus de 50 personnes et quatre entreprises.

Les détracteurs de cette loi, y compris des pays occidentaux comme les Etats-Unis, estiment qu’elle ne fera qu’éroder davantage les libertés et réduire au silence les dissidents à Hongkong. Depuis le mois dernier, plus de 300 personnes ont été arrêtées en vertu des deux lois sur la sécurité nationale, dont 176 ont été poursuivies et 160 condamnées.

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Le Monde avec AFP

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