Un impressionnant brasier a déchiré la nuit aux portes de Los Angeles. Le feu s’était déclaré, mardi 7 janvier en fin de matinée, dans le quartier de Pacific Palisades, peuplé de villas à plusieurs millions de dollars et situé dans les montagnes au nord-ouest de la ville. Le sinistre a déjà ravagé près de 1 200 hectares. Les autorités recensent « de nombreuses structures détruites », a expliqué le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, lors d’un point presse, mardi soir.
Environ 30 000 personnes sont sous le coup d’un ordre d’évacuation et plus de 13 000 structures sont menacées, selon les autorités. Aucun blessé n’est à déplorer, pour l’instant.
« Je n’ai jamais pensé que le vent pouvait avoir un tel effet », a confié Gary à la chaîne locale KTLA. Cet habitant du quartier de Pacific Palisades a raconté avoir vu des « braises traînées sur 100 mètres » dans les airs, contribuant à la propagation du feu.
De nombreuses personnes ont évacué leur habitation en panique, avec simplement quelques affaires et leurs animaux de compagnie. Beaucoup se sont retrouvées bloquées dans les embouteillages, comme Kelsey Trainor. « Il n’y avait nulle part où aller et les gens abandonnaient leurs voitures », a-t-elle raconté. « Tout le monde klaxonnait, il y avait des flammes partout autour de nous, à gauche, à droite. (…) C’était terrifiant », a-t-elle confié.
Un énorme nuage de fumée
L’acteur Steve Guttenberg, qui vit à Pacific Palisades, a exhorté les personnes qui abandonnent leur voiture à laisser leurs clés sur place afin qu’elles puissent être déplacées pour laisser la place aux camions de pompiers. « Ce n’est pas un parking », a déclaré, à KTLA, le comédien qui essayait lui-même de déplacer des véhicules. Les pompiers ont finalement dû dégager la chaussée avec un bulldozer pour accéder au quartier.
Certains arbres et végétaux du domaine de la Villa Getty ont brûlé, mardi soir, du fait de ce sinistre mais le personnel et les collections du musée sont en sécurité, a déclaré sa présidente, Katherine Fleming, dans un communiqué.
Le feu a provoqué un énorme nuage de fumée, visible depuis toute la mégapole. L’incendie s’est déclaré au pire moment pour Los Angeles, balayée par de violentes rafales. Les vents chauds de Santa Ana, typiques de l’hiver californien, peuvent souffler jusqu’à 160 km/h dans la région, selon les services météorologiques américains (NWS). De quoi propager les flammes très rapidement et poser un « danger mortel ».
« Nous ne sommes absolument pas sortis d’affaire », a insisté Gavin Newsom, en rappelant que les rafales allaient « atteindre leur pic » dans la nuit de mardi à mercredi, entre 22 heures et 5 heures du matin (entre 7 heures et 14 heures à Paris). Le gouverneur démocrate du « Golden State » a demandé aux Californiens de « respecter les ordres d’évacuation », qui ne sont pas toujours suivis aux Etats-Unis.
« Le plus fort épisode de vent dans cette région depuis 2011 »
Plus de 250 pompiers sont actuellement mobilisés, a précisé Kristin Crowley, une responsable des pompiers de Los Angeles. « La combinaison de vents forts et la topographie » escarpée du quartier « rend la tâche extrêmement complexe », a-t-elle insisté. Il sera difficile pour les moyens aériens d’intervenir dans la nuit.
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
« On s’attend à ce que ce soit le plus fort épisode de vent dans cette région depuis 2011 », a averti Daniel Swain, spécialiste des événements extrêmes à l’université UCLA. Mais le risque d’incendie est selon lui « beaucoup plus élevé » qu’à l’époque. Car après deux années très pluvieuses qui ont revigoré la végétation, le sud de la Californie subit « un début d’hiver parmi les plus secs jamais enregistrés ». En d’autres termes, tout ce qui a abondamment repoussé agit désormais comme un combustible pour le feu.
Les scientifiques rappellent régulièrement que le changement climatique augmente la fréquence des événements météorologiques extrêmes. « Novembre, décembre, janvier… Il n’y a plus de saison des incendies. Elle a lieu toute l’année », a rappelé le gouverneur Newsom.
Mardi soir, 28 300 foyers étaient par ailleurs privés d’électricité en raison des vents violents, selon la mairie de Los angeles. Au total, un demi-million de clients risquent d’être privés de courant de manière préventive.
La tempête a perturbé la visite du président Joe Biden, venu en Californie mardi pour annoncer la création de deux monuments nationaux, de vastes zones protégées dans le sud de l’Etat. Présent à Los Angeles, le démocrate de 82 ans a immédiatement approuvé des aides fédérales pour la deuxième ville des Etats-Unis. « C’est quelque chose (…) que nous devons apprécier à sa juste valeur, à ce moment de l’histoire américaine », a salué M. Newsom.
Donald Trump, qui doit succéder à M. Biden dans quelques jours à la Maison Blanche, a menacé en septembre 2024 de couper l’aide fédérale habituellement reçue par la Californie pour lutter contre les feux de forêt.