Zé (Tergel Bold-Erdene) et Maralaa (Nomin-Erdene Ariunbyamba), dans « Un jeune chaman », de Lkhagvadulam Purev-Ochir.

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Plans larges sur les plateaux immenses de la Mongolie, aux pentes douces peuplées de yourtes. C’est ici vit que le lycéen Zé (Tergel Bold-Erdene), 17 ans, avec ses parents et sa sœur, en périphérie de la capitale, Oulan-Bator. L’adolescent, qui partage son existence entre les études et le chamanisme, est de tous les plans d’Un jeune chaman, premier long-métrage de la réalisatrice et scénariste mongole Lkhagvadulam Purev-Ochir, née en 1989.

On le verra tantôt en costume-cravate à l’école, où sévissent des professeurs autoritaires, tantôt harnaché de son masque et de sa tenue traditionnelle lorsqu’il entre en contact avec ses ancêtres, ou encore en jean et blouson comme des milliers d’autres jeunes. Sa prestation, sa capacité à absorber d’infimes étincelles dans son regard lui ont valu le prix de la meilleure interprétation à la Mostra de Venise en 2023, dans la section parallèle Orizzonti, où était présenté le film.

Tumulte intérieur

Zé assume ces différentes identités sans trop broncher, en bon garçon de famille qui fait le job, tandis que sa sœur ne cache pas son envie de tout envoyer balader. Jusqu’au jour où Zé rencontre une fille qui lui plaît : Maralaa (Nomin-Erdene Ariunbyamba) souffre d’une maladie du cœur, et sa mère sollicite une séance de chamanisme avant l’intervention chirurgicale que l’adolescente doit subir. Le désir montant, Zé perd les pédales et sa capacité à entrer en contact avec ses « grands-pères » spirituels. Mais il accourt aussitôt dès que l’un des siens appelle à l’aide, tel un médecin de campagne traversant les siècles.

On imagine la suite du scénario, un peu attendu, lequel s’attache à explorer les émotions contradictoires assaillant le jeune homme. Faire l’amour, boire et sortir jusqu’à point d’heure ? Ou rester sur le chemin tracé par la communauté ? La photographie du film, signée par Vasco Viana, accompagne ce tumulte intérieur, notamment lors d’un plan, par ailleurs très beau, où le visage de Zé est traversé d’ombres et de lumières au rythme des stroboscopes, dans une boîte de nuit. Le « disco boy » ne sait plus où il habite, rêve de modernité et de tours high-tech qui poussent dans le centre-ville. On le verra se teindre les cheveux, les porter rasés, les laisser pousser, arborant à chaque fois cette fierté touchante de vivre une nouvelle naissance.

Au-delà de ce portrait chamarré, qui aurait sans doute mérité plus de lâcher-prise, la cinéaste capte l’ennui d’une jeunesse qui n’a d’autre horizon que travailler, achever ses études – seuls quelques personnages font un pas de côté, comme la sœur de Zé, ainsi que Maralaa, laquelle réfléchit à ce qu’elle désire profondément. En Mongolie, entre Chine et Russie, les jeunes sont fatigués avant même d’avoir terminé le lycée, explique la réalisatrice.

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