La Fondation pour le logement des défavorisés, l’ex-Fondation Abbé Pierre, a publié lundi son 30ᵉ rapport annuel.
Dans ce document, elle critique l' »attentisme » et le « renoncement » du gouvernement en 2024, une année presque « blanche ».

La situation des plus défavorisés en France continue de se dégrader. Dans son 30ᵉ rapport annuel (nouvelle fenêtre), la Fondation pour le logement des défavorisés, l’ex-Fondation Abbé Pierre – renommée fin janvier après les multiples accusations de violences sexuelles visant son fondateur (nouvelle fenêtre) – dresse un constat accablant. En 2024, 735 personnes, âgées en moyenne de 49 ans, sont mortes dans la rue, soit le chiffre le plus élevé depuis 12 ans. De même, l’organisation recense environ 350.000 individus sans domicile, soit 6% de plus qu’en 2023 et 145% de plus qu’en 2012. En tout, ce sont 4,2 millions de Français qui sont considérés comme mal-logés, c’est-à-dire privés de logement ou vivant dans des conditions difficiles.

Par ailleurs, plus de 100.000 personnes vivant dans des lieux de vie informels (squats, bidonvilles) ont été expulsées en 2024, un autre triste record. Faute de place en hébergement d’urgence disponible, 5000 à 8000 personnes, dont 1000 à 3000 enfants, sont chaque soir refoulées par le 115. La Fondation pour le logement des défavorisés fustige une « posture répressive vouée à l’échec si elle ne s’attaque pas aux causes ».

Une année marquée par l’attentisme et le renoncement des pouvoirs publics

Christophe Robert

Ces chiffres, tous plus alarmants les uns que les autres s’expliquent en partie par une politique du logement à l’arrêt. « On a vu en 2024 un durcissement de la crise de la construction, un grippage du marché immobilier, beaucoup d’alertes sur le front du mal-logement (…) et pourtant, du point de vue des politiques publiques, l’année a été marquée par l’attentisme et le renoncement », pointe Christophe Robert, délégué général de la Fondation. 

« On voit que les préoccupations économiques de relance de l’activité immobilière prennent le pas sur la dimension sociale de la politique du logement, alors qu’on a une crise du logement majeure et qu’il y a besoin de rééquilibrer l’ordre des priorités », ajoute-t-il, rappelant que ces dégradations surviennent dans un contexte de crise du pouvoir d’achat et de creusement des inégalités. 

Enfin, cette situation de crise touche également violemment les personnes en situation de handicap, lesquelles ont « 14% de chances en moins d’accéder à un logement social ». « Dans le parc locatif privé, il y a des discriminations à tous les étages », souligne Manuel Domergue, directeur des études. Un grand nombre de propriétaires refusent des dossiers de location notamment par peur de devoir adapter leur logement au handicap, relève-t-il. Autant dire que ces résultats sont décevants  vingt ans après la grande loi sur le handicap.


M.G avec AFP

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