Eugène Biéhly à Bodø, en Norvège, en janvier 1944.

L’administration française peut parfois être lente. Plus de quatre-vingts ans après la fin de la guerre, Eugène Biéhly vient de voir reconnu son statut de requis du Service du travail obligatoire (STO). A titre posthume. L’homme est mort le 13 décembre 2000, à 78 ans. Son petit-fils, Matthieu Vesques, 43 ans, vient d’obtenir ce que son aïeul n’avait pu arracher de son vivant : un simple papier lui reconnaissant le statut de victime de la collaboration vichyste. « C’était resté pour lui une blessure », se souvient le descendant.

Une blessure silencieuse. « Quand nous étions enfants, il ne nous en parlait jamais, explique Matthieu Vesques. Je savais juste qu’il s’était retrouvé en Norvège pendant la guerre. » Une ou deux anecdotes étaient restées dans la légende familiale et ravissaient les petits-enfants, comme ce colis expédié par Yvonne, sa femme, avec un morceau de fromage tellement dur qu’Eugène l’avait pris pour du savon. Il y avait aussi ce tatouage sur le bras, fait là-bas : « Yvonne pour la vie. » Le propriétaire du carré de peau martyrisé laissait entendre qu’il avait dégusté.

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