L’histoire est annoncée d’emblée. Dans le générique d’Enzo, présenté en ouverture de la Quinzaine des cinéastes, mercredi 14 mai, à Cannes, apparaît en lettres noires sur un fond de parchemin blanc, comme un faire-part, la phrase : « Un film de Laurent Cantet, réalisé par Robin Campillo. » Une épitaphe à Laurent Cantet, mort le 25 avril 2024 d’un cancer du pancréas à l’âge de 63 ans, sans terminer son film, autant que la marque de son ami Robin Campillo, qui a pris la relève le lendemain de sa disparition.

« Film de, réalisé par… c’est du jamais-vu, remarque le cinéaste Dominik Moll. Sauf peut-être pour Par-delà les nuages, en 1995, quand Wim Wenders a terminé le film d’Antonioni mourant. Mais c’était crépusculaire. » Dominik Moll, fidèle compagnon de route de Laurent Cantet, n’a pu participer à la fabrication d’Enzo (en salle le 18 juin), trop accaparé par son propre film, Dossier 137, en compétition à Cannes (et qui sortira, lui, le 19 novembre).

Au générique des deux films, et ce n’est pas un hasard, figure un autre nom, Gilles Marchand. Réalisateur et scénariste, Marchand a posé sa pierre dans Enzo, une histoire de maçons sous le soleil de La Ciotat (Bouches-du-Rhône), lui qui a grandi à Marseille. Et l’on reconnaît sa patte dans le polar de Dominik Moll, dont l’intrigue a pour contexte la crise liée aux « gilets jaunes ».

Campillo, Cantet, Marchand, Moll : voilà présente à Cannes la bande d’étudiants passionnés et idéalistes du temps de l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec), où ils se sont rencontrés au début des années 1980. Ces quatre-là, nés au début des années 1960 et formés dans l’école de cinéma ancêtre de la Fémis, se sont toujours épaulés. Tous pour un et un pour tous. De l’anonymat au succès.

Il vous reste 90.29% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version