Le pic de Cagire, recouvert de neige et de forêt, derrière lequel on devine la chaîne des Pyrénées, sert de toile de fond. Au détour d’un virage sur la route départementale 26 qui serpente entre les villages de Montsaunès, Figarol et Estadens, dans le sud de la Haute-Garonne, une banderole sur laquelle est inscrite « Dix 38 tonnes par ici ? » est tendue près de l’entrée de la pépinière Les Jardins du Cap d’Arbon, à Estadens, que dirige Ute Delaye.
Cette ancienne enseignante redoute que le ballet quotidien des poids lourds de l’usine Cimaj perturbe ses journées. En contrebas de sa maison du XIXe siècle, sur la zone d’activités du Cap d’Arbon, à Estadens, l’entreprise toulousaine de douze salariés construit un site dimensionné pour produire 12 500 tonnes de bûches densifiées par an, fabriquées à partir de déchets de bois. Dès septembre, date prévue de la mise en service de l’usine, des copeaux et des sciures de chênes seront acheminés par camion depuis des menuiseries et des scieries d’Ariège et de Haute-Garonne, puis séchés et pressés sur place avant leur commercialisation.
« Je ne comprends pas qui a eu l’idée d’ouvrir une usine dans cet écrin de verdure sur une route classée verte au guide Michelin ? », s’étrangle Ute Delay. Cette habitante a été informée du projet début novembre 2024 lorsque l’annonce de la consultation publique sur la demande d’enregistrement de Cimaj au titre des installations classées pour la protection de l’environnement a été publiée. « Cette nouvelle nous est tombée dessus comme une bombe, raconte Kay Makinson, installée dans le village depuis treize ans. Si le projet se fait, je vends ma maison. »
Spontanément, des opposants à l’usine se sont regroupés pour former le collectif Cagire sans usine. Et, très vite, après avoir fait part de leurs craintes lors d’une réunion publique, le 21 novembre 2024 à Estadens, ils sont passés à l’action : ils ont organisé quatre rassemblements et lancé une pétition, signée par 3 130 personnes, pour réclamer l’arrêt du projet.
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