Alors que l’UE pourrait signer l’accord avec le Mercosur avant la fin de l’année, le mouvement de colère des agriculteurs reprend du service.
Dès ce dimanche soir, des tracteurs ont convergé vers le sud-ouest de Paris pour y établir une base.
Les équipes du 20H de TF1 ont embarqué avec eux.

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Agriculture sous tension : la colère gronde de nouveau

Les tracteurs arrivent les uns après les autres sur la route nationale 118, ce dimanche soir, à quelques kilomètres au sud-ouest de Paris. Encadrés par de nombreuses forces de l’ordre, les agriculteurs comptent bien établir leur camp au moins jusqu’à lundi après-midi : « On va monter la base de nuit juste devant les tracteurs, derrière les CRS. On a un plateau où il pourra y avoir des prises de parole. Et l’objectif, c’est de mettre en place tout le ravitaillement pour ce soir, cette nuit, pour l’ensemble de nos gars », explique Samuel Vandaele, président de la FDSEA Seine-et-Marne.

Ces exploitants ont pris la route depuis l’Essonne et les Yvelines. Conséquence de leur déploiement : deux voies sur trois de la route sont fermées à la circulation . Malgré tout, les automobilistes rencontrés dans le reportage en tête de cet article expriment unanimement leur solidarité : « Nous, on subit, mais ils ont raison de manifester et de réclamer leurs droits », déclare l’un d’eux au micro de TF1.

« Un ras-le-bol général »

Au cœur de cette reprise du mouvement agricole, la crainte de voir l’accord avec le Mercosur signé par l’Union européenne dans les prochaines semaines. Ce traité de libre-échange, s’il était ratifié en l’état, ouvrirait la porte à des importations massives de produits agricoles en provenance de l’Amérique du Sud, provoquant une concurrence déloyale avec les denrées françaises. 

« Il y a un ras-le-bol général parce qu’on a l’impression de ne pas avoir été suffisamment écoutés quand on est sortis en début d’année . Mais le Mercosur, c’est vraiment la goutte d’eau qui fait déborder le vase », confirme Julien Thierry, producteur de céréales et de betteraves dans les Yvelines, qui avait déjà participé au mouvement de janvier.

« Je n’ai jamais réussi à me verser un salaire »

Dès le début de semaine, une centaine d’actions est prévue sur l’ensemble du territoire français. Déjà, les exploitants s’activent de toute part à la préparation des mobilisations : dans la commune de Suippes, dans la Marne, de jeunes agriculteurs remplacent les noms des villes, sur les panneaux, par celui du traité de libre-échange tant redouté.

Certains confient à nos caméras leur manque de perspectives : « Ça fait deux ans que je suis installé agriculteur et en deux ans, je n’ai jamais réussi à me verser un salaire », explique l’un. « J’exploite 220 hectares, je ne peux pas me permettre de prendre de salarié parce que je n’ai pas les moyens », témoigne un autre.

Du côté de Bordeaux, les viticulteurs aussi se tiennent prêts : à la veille du lancement de leur mobilisation, ils chargent des tonnes de vigne dans leur tracteur. « L’idée, nous confie l’un d’eux, est d’aller leur montrer notre désespoir en faisant brûler ce qui nous fait vivre au quotidien. Nous et de nombreuses familles. »


IM | Reportage : Ignacio BORNACIN

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