Peut-on imaginer un test bon marché permettant de détecter la présence d’une bactérie toxique dans un liquide d’un simple coup d’œil ? C’est le défi que s’est lancé une équipe canadienne transdisciplinaire rassemblant des spécialistes en biochimie, ingénierie biomédicale, génie chimique et mécanique. La « preuve de concept » que ces scientifiques ont obtenue, détaillée dans Advanced Materials, est un gel qui se colore en rouge au contact d’une eau contaminée par une souche toxique (précisément la souche O157:H7) d’Escherichia coli (E. coli). Le test est réactif en moins d’une journée, utilisable par tous et coûte environ 50 centimes d’euro. Les recherches se poursuivent désormais pour élargir la détection à d’autres sources bactériennes pathogènes.
Pour créer un tel outil, cette équipe a fondé ses travaux sur un précédent résultat obtenu dans son université de McMaster (Hamilton, Canada) : la conception de capteurs à partir d’ADN, des DNAzymes, catalyseurs capables de cibler et de détruire des molécules d’ARN indésirables, tout en préservant les brins d’ARN utiles.
Les scientifiques se sont également inspirés de travaux « utilisant des gels pour détecter des ions de métaux lourds », précise un des auteurs, le professeur associé Tohid Didar. A posteriori, les chercheurs reconnaissent aussi avoir été agréablement surpris par l’efficacité d’une de leurs tentatives : en ajoutant à l’hydrogel de DNAzyme des bactériophages, ceux-ci ont infecté E. coli, libérant une protéine bactérienne, ce qui a réduit drastiquement le temps de détection du test. « C’est la première fois que des bactériophages sont utilisés pour amplifier un signal afin d’améliorer les performances de détection des capteurs à base d’ADN », explique Tohid Didar.
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