Entre gondoles et vaporettos, le lancement de la Biennale de Venise, le 20 avril, a aimanté sur les quais de la Sérénissime deux curiosités : un wagon historique du Venice – Simplon – Orient-Express, revu et rêvé par l’artiste français JR, et l’Artexplorer, le « bateau-musée » de la fondation Art Explora.
Amarré devant les Giardini, ce jardin où se découvrent, tous les deux ans, les pavillons nationaux de la biennale d’art, celui-ci attrapait le regard de loin, avec ses voiles de quai bleu ciel au message poétique imaginé par l’artiste Laure Prouvost. Il est immanquable également par sa taille, puisqu’il s’agit tout simplement du plus grand catamaran du monde, avec 47 mètres de long pour 55 mètres de haut. Un luxueux bateau battant pavillon français qui aura coûté la bagatelle de 36 millions d’euros, avec un coût de fonctionnement estimé à 5 millions d’euros par an.
Tout juste concrétisé, ce projet, lancé il y a cinq ans, vient de faire sa première étape officielle à Malte, avant de déployer, en juin, sa version la plus complète, à Marseille. L’étape vénitienne a plutôt été l’occasion d’une présentation au monde de l’art pour ce dispositif philanthropique dont on a encore un peu de mal à cerner le propos et les contours, imaginé par l’homme d’affaires Frédéric Jousset, président fondateur d’Art Explora.
« Public local et familial »
« A chacune des vingt grandes étapes prévues dans les trois ans à venir à travers la Méditerranée, notre public cible sera local et familial, assez éloigné de la culture, et qui considère que l’art est parfois un peu rebutant, cher ou trop intellectuel », résume le président de l’élégant mastodonte. « Après la Calypso de Cousteau et le projet scientifique Tara, on s’inscrit dans la tradition des bateaux français à vocation universelle, et on veut utiliser la fascination des gens pour les grands bateaux pour les amener à vivre une expérience artistique et culturelle », souligne-t-il.
Dans le port de La Valette, à Malte, le bateau a attiré quelque 21 000 visiteurs en dix jours, avec une programmation à quai, et, à bord, une exposition numérique sur l’histoire de la représentation des femmes dans la Méditerranée, proposée par le Louvre dans un tunnel de LED, ainsi qu’une expérience sonore de la Grande Bleue proposée au casque par l’Ircam, à écouter sur le pont arrière.
Plus inattendue sur les flots, la nouvelle œuvre de JR, intitulée L’Observatoire, est un wagon datant de 1929, dont l’aménagement intérieur était à découvrir à travers des œilletons géants. En attendant la commercialisation de ce qui sera la plus spacieuse (et onéreuse) chambre d’hôtel sur rails au monde, le projet est révélé ici après plus de trois ans d’un travail mené avec des artisans de toute l’Europe, en toute confidentialité.
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