« Le portrait de Maffeo Barberini », un tableau du Caravage, le surnom donné au peintre italien Michelangelo Merisi, est exposé pour la première fois.
L’exposition commence samedi au Palais Barberini, à Rome.
Roberto Longhi, un historien de l’art italien, a découvert cette œuvre en 1961 dans la boutique d’un antiquaire, avant que la toile ne se volatilise pendant un demi-siècle.

C’est un tableau particulièrement singulier et d’une grande valeur. Un rare tableau du Caravage , le surnom donné au peintre italien Michelangelo Merisi (1571-1610), est exposé pour la première fois. Le portrait de Maffeo Barberini est exposé au public à partir du samedi 23 novembre au Palais Barberini et jusqu’au 23 février 2025, a indiqué ce musée situé à Rome .

Le portrait de Maffeo Barberini représente le futur pape Urbain VIII, issu de la grande famille noble romaine des Barberini. Né en 1568, cet humaniste richissime, figure de la haute société romaine, a été élu en 1623 sur le trône de saint Pierre, qu’il a occupé jusqu’à sa mort en 1644. Ce tableau aurait été peint au tournant du XVIIe siècle, mais sa datation précise reste l’objet de débats.

Il montre le futur pape assis et semblant donner des ordres de la main droite. « La représentation du jeune cardinal de 30 ans tournant soudainement la tête est un portrait en mouvement, un prodige de la peinture du XVIIe siècle – en guerre permanente avec la sculpture – qui ne pouvait qu’être signé du Caravage », décrit le quotidien italien La Repubblica (nouvelle fenêtre). Le portrait, au décor dépouillé et peu coloré, « joue sur l’ombre et la lumière » et « le cœur de la peinture réside dans les mains : la main gauche qui serre une lettre (…) et la main droite qui sort de la peinture, entre dans notre espace », explique à l’AFP Paola Nicita, historienne de l’art et conservatrice à la Galerie Barberini. 

Un tableau découvert chez un antiquaire

« C’est une peinture qui s’exprime à travers les gestes », observe-t-elle également, s’émerveillant face « à des mains modernes évoquant quasiment (NDLR : le peintre français réaliste du XIXe siècle) Gustave Courbet « . « Ce geste merveilleux de la main droite tendue rappelle énormément le geste du Christ dans La vocation de saint Mathieu », l’une des œuvres les plus célèbres du Caravage, qui se trouve dans l’église romaine de Saint-Louis des Français », ajoute Paola Nicita. 

Comme l’indique Courrier International (nouvelle fenêtre), Roberto Longhi, célèbre historien de l’art italien et grand spécialiste du Caravage, a découvert ce tableau en 1961 dans la boutique d’un antiquaire de Florence. Le critique d’art l’a authentifié en 1963. Une photographie prise par Roberto Longhi était l’unique preuve de l’existence de l’œuvre du Caravage pendant des années car cette immense toile de 124 sur 90 centimètres s’est ensuite volatilisée, disparaissant pendant plus d’un demi-siècle avant qu’elle ne refasse surface. Auparavant, le tableau, dépourvu de documentation, a fait partie pendant des siècles de la collection de la famille Barberini avant de passer dans une collection privée au moment de la dispersion de son patrimoine dans les années 1930, selon le critique d’art.

Demeure historique de cette famille abritant aujourd’hui la Galerie nationale d’art antique, le palais Barberini accueille déjà de manière permanente quatre œuvres du Caravage : Judith décapitant Holopherne, Narcisse, Saint Jean-Baptiste et Saint François.

« Effet presque magnétique »

Ce tableau « n’a jamais été prêté à une exposition, il n’a jamais été vu dans un musée, c’est donc une avant-première absolue », se réjouit auprès de l’AFP le directeur de la galerie, Thomas Clement Salomon. « Les portraits peints par Le Caravage se comptent sur les doigts d’une main, donc pouvoir en montrer un au public et aux experts est exceptionnel », ajoute-t-il à propos du génie tourmenté du clair-obscur. Thomas Clement Salomon souligne aussi l’intérêt du sujet : Maffeo Barberini était « non seulement un homme de pouvoir extrêmement puissant, mais aussi un grand intellectuel raffiné ».

« Seuls quelques rares spécialistes, des années 1960 à aujourd’hui, ont eu l’occasion de voir ce tableau en personne. C’est une chose de connaître le tableau à partir de photographies, mais c’est tout à fait différent de le voir de près ce portrait et d’en ressentir sa qualité et son effet presque magnétique », estime auprès de Reuters Paola Nicita. Comme l’indique La Repubblica, l’exposition de ce tableau de Michelangelo Merisi donnera un « véritable avant-goût de la grande exposition sur le peintre maudit, programmée en mars 2025 à l’occasion du Jubilé » du Vatican.


Julien CHABROUT (avec AFP)

Partager
Exit mobile version