• Le Futuroscope doit innover pour rester compétitif face aux autres géants du divertissement.
  • Créé en 1987, le doyen des parcs d’attraction français a donc misé sur de nouvelles sensations fortes avec « Mission Bermudes ».
  • Le magazine Reportages Découverte a suivi le chantier de ce grand-huit aquatique qui ouvre ses portes ce samedi 28 juin.

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Reportages Découverte

Une équipe de scientifiques a disparu dans le triangle des Bermudes. Serez-vous prêts à partir à leur recherche à bord de votre bateau ? Les deux millions de visiteurs du Futuroscope, quatrième parc le plus visité de France, ont déjà pu danser avec les robots, être au cœur d’une tornade, faire des loopings dans les airs, mais à partir de ce samedi 28 juin, ils vont découvrir la plus ambitieuse de ses attractions : « Mission Bermudes ». Avec une technologie encore jamais expérimentée pour procurer le grand frisson. Coût du projet : 25 millions d’euros. Durant un an, le magazine Reportages Découverte a pu suivre ce chantier hors du commun, né de l’imagination sans limites d’Olivier Héral, 54 ans, le directeur de la création.

Des retards dans les travaux

 Avec « Mission Bermudes », il a concocté son scénario dans les moindres détails. Pour ce faire, il faut d’abord dénicher des pièces extraordinaires comme cet avion militaire des années 60 trouvé à Dijon chez Christophe, l’un des plus grands collectionneurs de ces appareils. « Le concept, c’est vraiment le mystère des Bermudes et toutes ses disparitions. Il y a eu énormément d’avions qui ont disparu dans cette zone-là. Donc dans le décor, nous, on va le repositionner de façon à ce que les gens qui seront à bord des bateaux dans cette attraction découvrent à un moment cet avion, comme s’il s’était posé un peu en catastrophe sur l’île des Bermudes », explique Olivier dans le reportage ci-dessus. Reste maintenant à acheminer l’imposant objet de décor au prix confidentiel jusqu’à Poitiers, soit une distance de 500 km. 

Pendant ce temps, sur le chantier de l’attraction, l’équipe accumule les galères, car l’entrepreneur chargé de l’ensemble du décor a jeté l’éponge, à quelques mois de l’ouverture. Un autre prestataire a été appelé en urgence et il doit revoir entièrement le labo, une salle dans laquelle le visiteur doit patienter avant d’embarquer pour cette nouvelle aventure. Il faut dire qu’en l’état, « on se dit qu’on est dans un laboratoire des années 60. Or, nous, on est plutôt dans les années 2030. On ne croit à aucun des instruments qui sont là. L’écran, c’est de la peinture. Alors que nous, on veut vraiment être dans la vérité et dans la crédibilité », insiste Olivier. En outre, « on a déjà des gros problèmes de malfaçons. Ça n’a pas encore accueilli une seule personne et ça s’écaille déjà, alors on peut imaginer au bout d’un ou deux mois », peste-t-il. Il va donc falloir repartir de zéro, mais pour tenter de tenir les délais, c’est une course contre la montre qui s’engage. 

On essaie de mettre beaucoup d’éléments qui soulignent ce côté mystérieux des Bermudes

Olivier Héral, directeur de la création.

De son côté, le chef Nicolas Escalante, 51 ans, met aussi les bouchées doubles pour que l’expérience du visiteur se prolonge jusque dans l’assiette. Il va participer, à sa manière, à la prochaine attraction « Mission Bermudes », en imaginant un dessert totalement mystérieux. L’idée de Nicolas est de créer une sphère en forme de roche volcanique. Il voudrait par ailleurs que de la fumée s’échappe du plat pour se répandre sur la table, avec un effet de surprise quand le visiteur l’ouvrira. Nicolas fait partie des 200 personnes mobilisées sur cette future aventure spatio-temporelle. Cela va des bâtisseurs jusqu’aux chineurs qui vont dégoter des pièces d’un autre temps pour Olivier. 

Toutes ces antiquités seront disséminées sur le parcours du visiteur. Le problème, c’est qu’elles sont inanimées. Seule solution, appeler en renfort Jeanne Bombardelli, 26 ans, l’ingénieure chargée de développer les nouvelles technologies au Futuroscope. Sous une tente pour Géo Trouvetou, elle a déjà commencé à se creuser la tête pour faire vivre le laboratoire de la future attraction. Comme avec une vieille boussole de paquebot que Jeanne a réussi à animer. « Cette équipe de scientifiques et de chercheurs ont trouvé un certain nombre de phénomènes, leurs appareils perdent le nord, un liquide a des battements, une ampoule est en lévitation… On essaie de mettre dans ce labo beaucoup d’éléments qui soulignent ce côté mystérieux des Bermudes », détaille Olivier.

Au même moment, sur le chantier de l’attraction, la pièce maîtresse, le fameux avion militaire des années 60, prend place dans son décor. « On a l’impression qu’il a toujours été là, c’est ce qui me plaît. On l’imagine avoir fait sa dernière trajectoire ici, et il est bien valorisé. Chaque attraction, c’est une aventure qui prend vie à travers des objets comme ça », assure le directeur de la création.

Huit effets spéciaux

Deux mois avant l’ouverture, c’est enfin le grand jour. Après des retards de fabrication, Olivier et son équipe ont enfin reçu les bateaux pour l’attraction. Il ne s’agit pas de bateaux classiques, mais d’un prototype du nouveau système « Rocking Boat » conçu par une entreprise allemande, la seule à pouvoir développer cette technologie. Ces bateaux sont guidés par des rails immergés et sont capables d’accélérer, ralentir, aller en marche arrière, ou encore prendre des montées ou des descentes. Tout cela permet des mouvements inattendus dans la scénographie de l’attraction, tout en gardant la sensation de flottaison.

« Pour chaque effet, on a essayé de les placer par rapport à des scénarios de disparitions dans les Bermudes. Il y a ce qu’ils ont appelé ‘la bulle de méthane’ qui s’échapperait du fond des océans et qui créerait des turbulences au niveau de l’eau, ce qui expliquerait une partie des disparitions », avance Olivier. Cascades, geysers, bouillonnements… L’idée est d’immerger les passagers au milieu de huit effets spéciaux disséminés sur les 450 mètres du parcours, dont le plus spectaculaire est un épais brouillard qui enveloppe tout l’espace en quelques secondes. Avant qu’un ascenseur les mène à 16 mètres de hauteur pour une vertigineuse chute finale, élément obligatoire de toute attraction aquatique qui se respecte.

Côté coulisses, l’aventure « Mission Bermudes » s’achève. Ce samedi, les visiteurs vont pouvoir découvrir ces cinq minutes de sensations fortes que le parc a mis sept ans à réaliser. 

Virginie FAUROUX | Reportage : Isabelle COTTENCEAU et Vincent FERREIRA

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