- Les députés Jérémie Patrier-Leitus (Horizons) et Ayda Hadizadeh (PS) vont déposer une proposition de loi pour interdire la vente de téléphones portables aux moins de 15 ans.
- Le texte vise à aider les parents à « poser un cadre éducatif clair » sur l’utilisation des smartphones.
- Il suggère aussi de créer un label « téléphone à service limité » pour les appareils adaptés aux plus jeunes.
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Le gouvernement Bayrou tente tant bien que mal de tenir le cap
Si Emmanuel Macron veut proscrire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans, eux préféreraient leur interdire l’achat de smartphones. La députée socialiste Ayda Hadizadeh et son collègue Horizons Jérémie Patrier-Leitus vont déposer la semaine prochaine une proposition de loi pour empêcher la vente de téléphones aux enfants et aux jeunes adolescents. Actuellement, les Français sont âgés de 11 ans et trois mois en moyenne lorsqu’ils acquièrent leur premier smartphone, selon une étude de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (nouvelle fenêtre) réalisée en 2024. Un véritable problème de société, selon l’élue de gauche, interrogée par TF1info.
On est face à un tsunami
On est face à un tsunami
Ayda Hadizadeh, députée (PS)
L’idée n’est pourtant pas née après le drame de Nogent le 10 juin (nouvelle fenêtre), où une surveillante a été tuée par un collégien et où le rôle des réseaux sociaux a été pointé du doigt. C’est lors d’un voyage qu’elle a effectué à Barcelone (Espagne) qu’Ayda Hadizadeh a été convaincue de l’intérêt d’une telle législation : « J’ai rencontré des parents qui se sont associés dans un groupe car leurs enfants étaient amis. Ensemble, ils ont décidé de ne pas donner de téléphone avant l’âge de 16 ans parce que si l’un d’entre eux cédait, les autres réclameraient aussi un portable. L’adolescence est un âge où les enfants ont besoin de se conformer au groupe : si personne n’a de portable, ils n’en demanderont pas. Là, je me suis dit que c’était intéressant parce que ces parents régulaient quelque chose qui relevait du domaine de l’État. »
Un sentiment renforcé par les conséquences négatives de la surutilisation des écrans chez les jeunes encore en pleine construction intellectuelle. En 2024, une étude, publiée dans Acta Paediatrica
(nouvelle fenêtre), calculait que les jeunes de 16 à 18 ans qui ont une utilisation problématique de leur smartphone sont jusqu’à deux fois plus susceptibles de souffrir d’anxiété que les autres. « On est face à un tsunami, il n’y a pas de bon usage du smartphone en dessous d’un certain âge »
, alerte la députée du Val-d’Oise. Et cette « bombe à fragmentation »
continue de faire des victimes malgré les différentes lois déjà mises en place : majorité numérique à 15 ans, « pause numérique »
dans les collèges instaurée par Élisabeth Borne…
Bientôt un label « Téléphone à service limité » ?
Les parents ont donc besoin d’être « aidés pour poser un cadre éducatif clair »
, insiste Ayda Hadizadeh. « À l’heure actuelle, j’ai l’impression que les parents s’épuisent dans des négociations sans fin avec leurs enfants. Avec cette loi, ils pourront leur dire
‘Ce n’est pas papa ou maman qui ne veulent pas t’acheter de portable, c’est la loi’. C’est plus facile de se référer à un cadre extérieur, c’est réellement un texte de soutien à la parentalité. »
Il n’est cependant pas question d’interdire totalement les portables aux moins de 15 ans car « pouvoir joindre son enfant quand il rentre au collège est important »
. C’est pourquoi les deux députés proposent de créer un label « Téléphone à service limité » pour les appareils qui ne permettent que d’appeler et d’envoyer des messages. Exit donc l’installation d’applications ou l’accès à Internet. Reste à savoir qui attribuera ce label et si cela incitera les marques de téléphones à commercialiser de nouveau d’anciens modèles.
Cocréée par les groupes Horizons et socialiste, la proposition de loi devrait largement rassembler les députés, « au-delà des logiques partisanes »
, espère Ayda Hadizadeh. Des auditions seront menées dans les prochaines semaines pour préciser les contours de l’interdiction de la vente et pour anticiper d’éventuels problèmes dans l’application du texte. Son examen devrait avoir lieu dans l’hémicycle à l’automne prochain.