L’humanité fait peser des pressions insoutenables sur son environnement, en particulier sur l’océan, qui occupe les trois quarts de la surface de notre planète. Leur liste est longue : réchauffement climatique, acidification des océans, désoxygénation, aménagements littoraux et hauturiers, déchets plastiques, pollutions, exploitation des ressources minières ou vivantes (surpêche).

Il en résulte des effets néfastes considérables pour la nature et les sociétés humaines qui vont s’aggraver si rien ne change. Deux tiers de la biomasse des poissons prédateurs (comme les thons) ont disparu en un siècle, et plus de la moitié de cette perte a eu lieu lors des quarante dernières années. En cent cinquante ans, la moitié des récifs coralliens a été rayée de la carte. Depuis le milieu du XXe siècle, des centaines de millions de tonnes de plastiques se sont accumulées dans l’océan. Un réchauffement climatique non maîtrisé conduirait à des disparitions d’espèces en grand nombre, avec des conséquences pour les écosystèmes tout entiers difficiles à anticiper. En bref, pratiquement tous les signaux sur l’océan et le climat sont au rouge.

Depuis des décennies, notre communauté travaille à identifier et alerter la société sur les dangers que ces pressions nous font courir. Face à ces menaces, il arrive souvent au gouvernement français de rappeler le constat scientifique et de manifester son ambition. La mise en place de la convention citoyenne sur le climat, exercice démocratique inédit, fut l’un de ces moments porteurs d’espoir venus d’un haut qui semblait vouloir faire confiance au bas. Espoirs largement justifiés au regard des 149 propositions de mesures concrètes, et lucides sur la nature et la gravité de nos difficultés présentes et à venir. Mais ces espoirs ont finalement été douchés : non-respect par le président de la République des engagements pris, propositions ignorées ou amoindries, et une loi Climat et résilience qui n’est à la hauteur ni du défi à relever ni des engagements initiaux.

(In) action publique

Dans un registre voisin, on pourra citer l’annonce d’une planification écologique, en septembre 2023, après des demandes insistantes du Haut Conseil pour le climat. Six mois plus tard, aucun signe concret d’un changement de méthode et la présentation de la nouvelle loi de programmation pluriannuelle de l’énergie à l’Assemblée nationale est sans cesse repoussée. Nous voilà donc dans une nouvelle course de lenteur, à rebours du volontarisme des annonces initiales.

Lire aussi l’éditorial du « Monde » (septembre 2023) | Planification écologique : un équilibre précaire

Et puis il y a ces « Summits », vitrines de l’ambition de la France, par exemple sur la politique d’aires marines protégées (AMP) : à la pointe des nations, la France aurait déjà dépassé le seuil de 30 % de couverture des eaux françaises par des AMP. Dans le même temps, son gouvernement bataille à Bruxelles pour la poursuite du chalutage intensif dans la majorité d’entre elles. De fait, il est aujourd’hui démontré que la proportion des eaux nationales réellement protégées, avec un impact effectif sur la biodiversité, ne s’élève qu’à 1,6 % (et seulement 0,04 % dans les eaux métropolitaines, d’après des données de 2021).

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