• Incarcéré depuis sept mois en Algérie, Boualem Sansal ne devrait pas être gracié par le président Tebboune.
  • Les autorités algériennes ont décidé d’exclure de cette liste les prisonniers condamnés pour atteinte à l’unité nationale.
  • Pour les proches de l’écrivain, c’est la « douche froide ».

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Après un réchauffement, le ton remonte d’un cran entre Paris et Alger

L’espoir est désormais presque vain. Emprisonné depuis plus de sept mois, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal reste dans l’attente d’un potentiel geste de clémence du président Abdelmadjid Tebboune. Mais ses proches y croient de moins en moins, alors qu’une telle décision était attendue pour la fête de l’indépendance de l’Algérie ce 5 juillet.

Pas de grâce pour les condamnés pour atteinte à l’unité nationale

Dans un communiqué, la présidence algérienne a annoncé ce vendredi 4 juillet une grâce pour 6.700 personnes, précisant que seraient exclues de cette mesure les personnes « définitivement condamnées » pour toute une série d’infractions, dont l’atteinte à l’unité territoriale. Or Boualem Sansal, 80 ans, a été reconnu coupable d’atteinte à l’unité nationale et condamné à cinq ans de prison, un verdict confirmé mardi 1er juillet en appel.

La présidente du tribunal lui a signifié qu’il avait huit jours pour former un pourvoi en cassation. Interrogé par l’AFP à ce sujet, le nouvel avocat français de l’écrivain, Pierre Cornut-Gentille, avait dit à l’issue de l’audience qu’il allait discuter avec son client de cette éventualité.

On pensait vraiment que le président algérien allait faire preuve d’humanité et ça n’a pas été le cas

Najwa El Haïté, avocate et coautrice du livre Pour Boualem Sansal

Des proches, dont les deux filles de l’écrivain, avaient émis l’espoir qu’il soit gracié pour le 5 juillet, à l’occasion du 63ᵉ anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Najwa El Haïté, avocate et coautrice du livre Pour Boualem Sansal, réagit au micro de LCI, dans la vidéo en tête de cet article : « Je vous avouerai que c’est la douche froide. On pensait vraiment que le président algérien allait faire preuve d’humanité et ça n’a pas été le cas. »

Le Premier ministre français François Bayrou avait lui aussi dit espérer « des mesures de grâce » présidentielle, en qualifiant la situation d’« insupportable ». Mais il reste une possibilité, quoique mince : une grâce pour raison médicale.

Boualem Sansal, atteint d’un cancer de la prostate selon ses proches, avait été condamné en mars en première instance pour avoir notamment déclaré en octobre dernier au média français d’extrême droite Frontières que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc, particulièrement les villes d’Oran et Mascara.

Boualem Sansal fait l’objet d’une âpre lutte diplomatique entre l’Algérie et la France depuis son arrestation à son arrivée à Alger le 16 novembre dernier. Cette affaire a envenimé une brouille entre Paris et Alger, née en juillet 2024 de la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis 50 ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger. La crise a été marquée par des expulsions de diplomates de part et d’autre et un gel de toutes les coopérations.

Zoé SAMIN avec AFP

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