- Dixième jour ce mardi au procès de Cédric Jubillar, jugé pour « meurtre par conjoint ».
- Lundi, la défense avait assuré que le téléphone de l’amant de l’infirmière disparue avait borné près du domicile du couple Jubillar sans que cela soit pris en compte.
- Le major de gendarmerie chargé de la téléphonie a reconnu à la barre « une erreur ».
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La disparition de Delphine Jubillar
Un « coup de théâtre »
pour la presse et le public présent, « une procédure falsifiée »
pour les avocats de la défense. Depuis lundi 6 octobre, tout le monde ne parle plus que de ce sujet dans les couloirs du palais de justice d’Albi. Ce jour-là, devant la cour d’assises du Tarn, la défense de Cédric Jubillar jugé pour « meurtre par conjoint » assure que le téléphone de Jean*, l’amant de Delphine Jubillar, qui a juré ne jamais être allé à Cagnac-les-Mines, avait borné près du domicile du couple le 15 décembre 2020, jour de la disparition de l’infirmière.
Afin d’y voir plus clair, la présidente de la cour d’assises du Tarn a donc décidé de convoquer ce mardi à l’audience le gendarme auteur de cette liste de numéros détectés la nuit de la disparition autour du domicile des Jubillar. Hélène Ratinaud a fait usage de son pouvoir discrétionnaire pour inviter cet enquêteur à déposer devant la cour. Et le major s’y est présenté en fin d’après-midi.
Le numéro figure car il a correspondu avec Delphine Jubillar
Et c’est devant une salle encore une fois comble que la magistrate a d’abord rappelé qu’après la disparition de l’infirmière, la gendarmerie avait établi des procès-verbaux de téléphonie. Ainsi, sur 551 lignes qui ont relayé près du domicile du couple de Cagnac-les-Mines le soir de la disparition, 216 ont été considérées comme potentiellement intéressantes. Parmi ces lignes, celle de Jean, qui pourtant, n’a pas été prise en compte, selon les avocats de la défense.
« Il a été indiqué que sur la période des faits, Jean n’avait jamais quitté le Tarn-et-Garonne. Mais il apparaît que sur un tableau établi à partir de géolocalisations du relais de Cagnac-les-Mines, le numéro de Jean a été identifié sur la nuit du 15 au 16 décembre 2020 »,
a pointé la présidente, s’adressant à l’enquêteur.
« La présence de Jean, c’est une erreur de ma part. Le numéro de Jean figure bien sur les factures détaillées des relais téléphoniques, en tant que correspondant de Delphine Jubillar, l’après-midi de sa disparition. Il s’est retrouvé dans la liste des 551 numéros alors qu’il n’avait pas à s’y trouver »,
a répondu le gendarme, précisant que si ce numéro apparaissait, c’est parce qu’il avait correspondu le 15 décembre avec l’infirmière.
« J’ai fait une erreur dans les copier-coller ».
La présidente Hélène Ratinaud se demande comment une telle erreur, dans un tel dossier, a pu arriver. « C’est une erreur de ma part »,
a reconnu le gendarme, alors analyste criminel à la section de recherches de Toulouse. « J’ai fait une erreur dans les copier-coller, ce qui fait qu’il s’est retrouvé dans la liste (…) alors que la fadette de son numéro n’établit pas qu’il se trouvait à Cagnac-les-Mines lors des faits. »
L’amant, « a aucun moment, n’est sous les relais de Cagnac-les-Mines »,
a-t-il insisté.
« J’hésite entre être atterrée par cette réponse et la question de savoir si je peux considérer que c’est crédible »
, a réagi Me Emmanuelle Franck, avocate de Cédric Jubillar, qui haussait les sourcils et secouait la tête pendant la déposition du gendarme. « Plus les procédures sont transparentes, moins c’est sujet à discussion »
, a noté la présidente de la cour d’assises. « Je reconnais que je n’ai pas été assez précis »
, a dit le gendarme avant d’être remercié.
Errare humanum est
Interrogé par les journalistes à l’issue de l’audience, Me Mourad Battikh, avocat de l’oncle et de la tante de Delphine Jubillar, a rappelé qu’il n’y avait donc eu « aucune falsification »
comme l’avait soutenue la veille la défense. « Il y a simplement une erreur et l’erreur est humaine »
, a déclaré l’avocat. « Il est possible qu’un gendarme qui n’est pas infaillible, qui a eu un travail absolument extraordinaire, absolument dur à réaliser sur cette enquête ait pu mal copier-coller un tableau initial »
, a-t-il conclu.
Contacté lundi soir par nos confrères du Parisien
(nouvelle fenêtre), au sujet des révélations de la défense à l’audience, Jean leur avait déclaré : « Une fois que cet élément sera éclairci, il ressemblera à un triste coup d’épée dans l’eau ».
C’est sans doute ce qu’il a pensé ce mardi soir.
*Le prénom a été modifié