Kiabi, qui s’est fait dérober 100 millions d’euros par Aurélie B., n’est pas la seule enseigne victime de la jeune femme.
Cultura, une école de commerce parisienne ou encore un footballeur professionnel ont aussi perdu des centaines de milliers d’euros.
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LE WE 20H
La vie de jet-setteuse d’Aurélie B. a pris fin cet été. Arrêtée en Corse par la police judiciaire en juillet dernier, elle est soupçonnée d’être à la tête de l’escroquerie la plus importante jamais réalisée en France. Sa principale victime est l’enseigne de vêtements Kiabi, dont elle a été la trésorière et à qui elle a fait les poches pour un montant de 100 millions d’euros. D’après les informations de TF1, la femme de 39 ans se serait contentée de fabriquer un faux ordre de virement pour orchestrer son larcin. Elle aurait ainsi imité la signature de la présidente de Kiabi Elisabeth Cunin pour transférer cette somme sur un compte qu’elle avait discrètement ouvert au préalable en Turquie.
Presque trop facile pour les salariés de l’entreprise de prêt-à-porter, qui n’en croient toujours pas leurs oreilles près de 4 mois après. « Il y a pourtant des vérifications à tous les niveaux, explique l’une d’elles dans la vidéo à retrouver en tête de cet article. Par exemple, si on dépasse d’un euro le repas qui est à 18 euros et qu’on met 19 euros (sur la note de frais, ndlr), on n’aura que 18. Il y a quand même tout qui est contrôlé. C’est pour ça qu’on n’a pas compris. »
Une villa achetée aux États-Unis pour 17 millions d’euros
Le temps que l’enseigne réalise la supercherie, Aurélie B. avait déjà posé ses valises en Floride, elle qui a démissionné dans la foulée de son escroquerie XXL. Aux États-Unis, elle s’invente une vie de riche héritière corse, s’improvise décoratrice pour le gotha de Miami et fréquente la jet set locale, le tout sous l’œil des photographes. En avril dernier, elle mettait ainsi en scène sa collaboration avec l’artiste américain DJ Khaled qui lui avait confié la rénovation du hangar où est entreposé son jet privé.
Une vie hors sol qui amènera même l’arnaqueuse à acheter une gigantesque villa pour la modique somme de 17 millions de dollars et y lancer des travaux pour 3 millions d’euros supplémentaires.
Si Aurélie B. dort aujourd’hui en prison, la justice française et son homologue américaine n’en ont pas fini de démêler les montages financiers mis en place par l’ancienne trésorière de Kiabi, afin de pouvoir récupérer le magot. La seule certitude à ce jour étant qu’elle n’en était pas à son coup d’essai.
Cultura, l’INSEEC et un footballeur également victimes d’Aurélie B.
Une dizaine d’années plus tôt, alors employée chez Cultura, elle a été accusée d’avoir fait pour 55.000 euros de dépenses personnelles avec une carte bancaire professionnelle. Un temps en couple avec un footballeur de Ligue 1 ayant également joué en Angleterre, elle lui aurait siphonné près de 700.000 euros, en produisant notamment des faux chèques à son nom. Les deux affaires se sont réglées à l’amiable.
La rédaction de TF1 a eu accès à des dizaines de documents financiers mettant en cause la jeune femme, qui demeure présumée innocente. En 2018 par exemple, alors comptable pour l’INSEEC – une école de commerce parisienne – Aurélie B. a produit de fausses factures pendant un an, en y insérant ses propres données bancaires. Montant total du préjudice : 760.968 euros. Elle sera condamnée pour cela à deux ans et demi de prison avec sursis, étonnamment sans interdiction d’exercer son métier.
Avocat dans ce dossier, Maître Alexandre Lobry décrit une femme manipulatrice : « Elle a berné tout le monde devant le tribunal. Elle s’est présentée comme une femme fragile et surendettée. Je crois surtout qu’on a affaire à une escroc professionnelle. » Un art du mensonge poussé jusque dans son CV, où les écoles de comptabilité de Bordeaux et Londres, qu’elle assure avoir fréquenté et que nous avons contacté, n’ont pas trouvé trace de son passage dans leurs locaux. Un mystère de plus pour une femme dont la police judiciaire espère percer les secrets, et pouvoir ainsi retrouver ces millions que Kiabi entend bien récupérer.