Pour la policière, le couperet est tombé à l’aube, comme il est d’usage avec le commun des voyous. A 6 heures tapantes, ce 13 octobre 2020, des représentants de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) investissent le petit appartement lyonnais de Sonia C. (qui a souhaité rester anonyme). Elle venait de rentrer de quelques jours de vacances en Espagne. Les « bœuf-carottes » l’arrêtent sur-le-champ et effectuent une perquisition.

« Sur le moment, je n’ai absolument rien compris. On ne m’a rien dit. Je me souviens juste que les types fouillaient chez moi avec tout un tas de cotons-tiges. Cela me paraissait absurde », raconte aujourd’hui cette femme de 46 ans, dans un souffle fragile comme si elle n’était pas encore tout à fait sortie de sa sidération.

Dans la foulée, Sonia C. est escortée jusqu’à sa brigade, rattachée à la police de l’air et des frontières (PAF) de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, où son casier est fouillé de fond en comble, sous le regard désolé de son major. L’humiliation est à la hauteur de ce qu’on lui reproche : la policière est accusée d’avoir fait fuiter des informations sensibles ayant permis à un trafiquant de drogue d’orchestrer dans les rues de Marseille un violent kidnapping.

« Une perte totale des repères déontologiques »

En avril 2024, Sonia C. a été condamnée à trois ans de prison ferme (à purger sous bracelet électronique), dont un an avec sursis probatoire, par le tribunal correctionnel de Marseille pour « détournement de fichiers », « association de malfaiteurs » et « offre et cession de stupéfiants ». Mise au ban de la police, elle est devenue illico le symbole d’une corruption qui secoue encore parfois l’institution. Une « ripou ». La chute de Sonia C. est d’autant plus brutale que le trafiquant au centre de l’affaire était un indicateur.

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