Revue assez confidentielle, au tirage limité (5 000 exemplaires papier revendiqués, plus un site Web), The European Conservative (TEC) est à l’avant-garde de la diffusion des idées d’extrême droite. Les contributeurs de la revue, créée en 2008, forment le noyau d’une internationale d’intellectuels conservateurs, et aiguillent le débat public dans plusieurs pays. Ils ambitionnent désormais de donner une cohérence idéologique à des extrêmes droites au pouvoir ou en progression un peu partout en Europe.
A l’origine, The European Conservative émane du Center for European Renewal (Centre pour le renouveau européen), un club européen d’intellectuels de droite, qui regroupe plusieurs think tanks. Parmi eux se trouvent l’Institut Thomas More, dont est proche le couple formé par Charles Millon (ancien ministre d’Alain Juppé) et Chantal Delsol (philosophe), et l’Institut de formation politique. Les étudiants passés par ce dernier (Marion Maréchal est la plus connue de ses anciens élèves) se retrouvent aussi bien chez Les Républicains qu’à Reconquête !
Ce réseau européen fédère initialement des intellectuels de différentes sensibilités, relativement modérées, allant des catholiques plus ou moins traditionalistes aux néoconservateurs inspirés par Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Certains d’entre eux sont très proches de partis politiques, à l’image du philosophe polonais Ryszard Legutko, membre de Droit et justice (PiS) et qui a siégé au Parlement européen de 2009 à 2024.
Le « conservatisme intellectuel » revendiqué par la revue est à l’origine libéral-conservateur. La critique de la libéralisation de l’avortement, du mariage homosexuel et, plus généralement, de la sécularisation des sociétés occidentales y côtoie des valeurs telles que l’économie de marché, les libertés individuelles et l’Etat de droit.
Par la suite, et à la faveur des succès électoraux croissants de l’extrême droite en Europe, un glissement vers la réaction et l’antilibéralisme s’affirme progressivement. Des références à des penseurs comme Charles Maurras (1868-1952) ou à des figures contre-révolutionnaires montrent une volonté de renouer avec des traditions hiérarchiques opposées aux principes modernes d’égalité et de liberté.
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