La France va transmettre à l’Algérie les noms des ressortissants algériens qu’elle souhaite expulser.
Les personnes visées font l’objet d’une obligation de quitter le territoire français.
Un premier pas dans le réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays.
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Crise diplomatique entre la France et l’Algérie
L’inventaire devrait comprendre « plusieurs dizaines » de noms. Paris s’apprête à transmettre aux autorités algériennes une première liste d’Algériens à expulser de France. Le but : qu’Alger s’en saisisse pour amorcer un réchauffement des relations diplomatiques aujourd’hui empoisonnées par la question migratoire et le dossier du Sahara occidental.
Une crise diplomatique qui dure depuis juillet
Trois sources gouvernementales ont indiqué ce jeudi 13 mars à l’AFP que cette liste devait être officiellement adressée à l’Algérie très prochainement, une source évoquant « cette semaine », une autre « aujourd’hui ou demain », la troisième notant le caractère « imminent ». « C’est une première liste », a indiqué mercredi sur RTL le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, faisant lui-même état de quelques dizaines de personnes.
Le refus de l’Algérie d’accepter des ressortissants en situation irrégulière renvoyés par Paris, dont l’auteur d’un attentat qui a fait un mort le 22 février à Mulhouse, a fini d’envenimer des relations déjà très dégradées depuis la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental fin juillet 2024. Cette décision française avait alors déclenché de sérieuses turbulences avec Alger. Et les rapports se sont encore tendus avec la détention depuis mi-novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal (nouvelle fenêtre), que Paris juge arbitraire.
Macron favorable à expulser des Algériens sous OQTF
La liste des Algériens expulsables, en l’état, semble loin des aspirations de Bruno Retailleau, qui avait initialement évoqué plusieurs centaines de personnes. Mais d’autres listes pourraient suivre. Le locataire de Beauvau a rencontré mercredi Emmanuel Macron, « en tête-à-tête », a indiqué à l’AFP un proche du président français. « Sur l’Algérie, on en fait beaucoup sur leurs divergences », a-t-il souligné, alors qu’ils « sont d’accord sur le principe : expulser des Algériens » sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Pour autant, le chef de l’État souhaite ne pas crisper davantage le pouvoir algérien sur la question migratoire, pour éviter un effet boomerang sur d’autres sujets sensibles comme le maintien des échanges en matière de renseignement anti-terroriste. En toile de fond du réchauffement des relations diplomatiques, se joue aussi la nécessaire coopération pour lutter efficacement contre le jihadisme au Sahel.
Des diplomates français jugeaient récemment que les deux pays étaient dans une situation « de quasi-rupture« . Emmanuel Macron s’est, lui, efforcé de calmer le jeu en appelant à cesser de « se parler par voie de presse ». « C’est ridicule, ça ne marche jamais comme cela », avait-il lancé fin février. Une réponse au président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui avait dénoncé le « climat délétère » entre les deux pays dans un entretien au journal L’Opinion, évoquant alors la nécessité de reprendre le dialogue, à condition qu’Emmanuel Macron en exprime le souhait.
Cette semaine, c’est le ministre français des Affaires étrangères qui a signalé la volonté de Paris de reprendre le contact avec Alger. « Bien sûr que la France aspire à avoir de bonnes relations avec l’Algérie, qui est un pays voisin avec lequel nos relations sont denses », a assuré Jean-Noël Barrot. « Pour cela, il faut que ces relations s’apaisent. Mais l’apaisement, ça ne se décrète pas unilatéralement », a-t-il néanmoins souligné. Pour l’heure, la crispation semble intacte puisque des élus de Marseille, Montpellier et Nice ont indiqué que l’Algérie avait rompu ses relations consulaires avec leurs villes.