Des personnes se recueillent à Grande-Synthe à l’endroit de l’agression mortelle de Philippe, piégé sur une appli de rencontre par des jeunes, sous un profil féminin, le 18 avril 2024.

Plus d’un millier de personnes se sont élancées, vendredi 19 avril au matin, à Grande-Synthe (Nord) pour rendre hommage à Philippe, un jeune homme de 22 ans violemment agressé en pleine nuit dans ce qui pourrait être un guet-apens sur un site de rencontres, selon les premiers éléments de l’enquête.

« Hommage à Philippe », peut-on lire sur une grande banderole en tête du cortège, en présence des deux frères de la victime, Dylan et Kelvyn, qui s’est élancé au départ de son ancien lycée à 11 heures. Plusieurs personnes, dont beaucoup en tenue blanche, tiennent en main des photos de la victime.

Philippe était « un super ami, gentil, à l’écoute, il était là pour tout le monde », affirme dans la foule Valentine, 26 ans, une amie d’enfance.
« Nous étions dans le même club de jiu-jitsu. Je l’ai connu l’année dernière et ce fut un coup de cœur, il était sympathique, souriant… C’est un choc pour tout le monde », témoigne Louna, 42 ans.

Deux mineurs de 14 et 15 ans ont été arrêtés peu après les faits, qui remontent à la nuit de lundi à mardi. Ils étaient toujours en garde à vue jeudi soir et doivent être « présentés à un juge d’instruction » vendredi, a précisé la procureure de la République de Dunkerque, Charlotte Huet, dans un communiqué. « L’un d’eux a reconnu » l’organisation d’un « guet-apens » contre le jeune homme par l’intermédiaire d’un site de rencontres gratuit, a précisé jeudi une source policière à l’Agence France-Presse (AFP).

Le site en question, coco.gg, permet d’engager des discussions en renseignant un pseudo, un âge, un sexe et un code postal sans vérification ni création de compte.

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Une enquête pour « meurtre en bande organisée » a été ouverte par le parquet, confiée à la police judiciaire. La procureure doit donner une conférence de presse à Dunkerque à 17 heures vendredi.

Un acte de « barbarie »

Alertés par les pompiers vers 2 heures du matin mardi, les policiers avaient découvert le jeune homme gisant sur un parking à l’arrière d’une enseigne d’hypermarché, avec des fractures et des plaies au visage, avait expliqué mercredi une source policière.

La marche blanche est passée en silence devant le lieu de l’agression où des dizaines de fleurs ont été déposées, sous quelques gouttes de pluie.

Selon un témoin, il avait été agressé par trois individus alors qu’il était en conversation téléphonique. Ils lui auraient dérobé son téléphone portable avant de prendre la fuite, avait rapporté cette source. Hospitalisé en réanimation, il est mort mardi soir des suites de ses blessures.

« On parle d’un homme qui a été (…) véritablement et manifestement supplicié, qui était à terre et qui a été achevé par des coups », a commenté le premier ministre, jeudi soir sur BFM-TV, évoquant un acte de « barbarie ». Gabriel Attal a adressé « une pensée pour cet homme, pour sa famille, pour ses collègues ».

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Selon le frère du jeune homme, il « rentrait de chez un ami, à 100 mètres de la maison » quand il a été agressé. Décrit comme « sympa, agréable » et « sans problème », Philippe avait travaillé comme animateur dans des centres de loisirs de la ville « sur des petits contrats d’été » et avait aussi été surveillant de cantine, a détaillé à l’AFP Benoit Ferré, le directeur de cabinet du maire de Grande-Synthe. « Il devait commencer à travailler chez Amazon prochainement », a-t-il ajouté.

« Nous sommes aujourd’hui sous le choc. Ne cédons pas à la peur ni à l’esprit de vengeance », a écrit sur Facebook le maire socialiste de Grande-Synthe, Martial Beyaert, appelant les participants à la marche à défiler dans « le respect » et « la dignité ».

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Le Monde avec AFP

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