- L’utilisation de plus en plus fréquente de protoxyde d’azote, en particulier par des mineurs, inquiète au plus haut point les autorités.
- Les effets euphorisants ne durent qu’une minute à peine, mais provoquent des dégâts neurologiques irréversibles, parfois mortels.
- Focus sur les risques qu’implique la consommation de cette drogue, accessible et peu chère.
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Le 20H
Longtemps, quand il ne s’agissait que d’en faire un analgésique en milieu hospitalier ou de l’inclure dans les siphons à chantilly, l’usage du protoxyde d’azote, désormais communément surnommé « gaz hilarant », ne faisait rire personne. Et maintenant qu’il a été massivement détourné à des fins récréatives, au point de devenir la substance la plus consommée par les jeunes Français de moins de 25 ans (après l’alcool et le tabac), en quête des sensations euphorisantes qu’il procure à beaucoup plus bas coût que celui de toute autre substance addictive, le phénomène inquiète au plus haut point les autorités et les professionnels de santé, comme le montre le reportage du JT de 20H de TF1 à retrouver dans la vidéo en tête de cet article. Quels risques implique exactement la consommation de cette drogue ?
Mon cerveau s’est éteint
Mon cerveau s’est éteint
Wail Megor, victime d’un accident de la route après avoir
« J’ai inhalé du protoxyde d’azote en conduisant et j’ai vu un trou noir tout d’un coup. Mon cerveau s’est éteint. Tout était dilaté en moi, et j’ai percuté l’arbre de plein fouet »
, se souvient Wail Meqor, victime d’un grave accident de la route le 1er janvier 2019, tandis qu’il roulait à 190 km/h. Sur l’asphalte, aucune trace de freinage. Mais dans la voiture, plusieurs capsules… À présent âgé de 28 ans, le conducteur garde des séquelles de sa commotion cérébrale d’alors : il a du mal à parler et à se déplacer. Ce qui ne l’empêche pas de faire de la prévention dans les collèges et les lycées. Le nombre d’accidents que ce produit aurait provoqués se multiplie. Ce jeudi 26 juin, une bouteille de protoxyde d’azote à moitié vide a encore été découverte dans un des véhicules entrés en collision sur l’autoroute A8, près de Cannes (Alpes-Maritimes), tuant trois personnes sur le coup.
Le chercheur Guillaume Grzych, reconnu comme l’un des spécialistes mondiaux du protoxyde d’azote pour avoir longuement étudié ses effets sur le cerveau humain, détaillait ainsi, au micro du JT de TF1 le 26 mars, les conséquences d’une inhalation : « On va avoir des pertes de l’équilibre, des gens qui vont progressivement perdre la coordination des membres, voire la maîtrise des membres. Ça ressemble un peu à la sclérose en plaques. Des paralysies vont venir s’installer, avec des gens qui finissent en fauteuil roulant. Mais en quelques minutes, le gaz disparaît à la fois de l’air expiré et du sang. Donc on a des difficultés pour le dépistage. »
Les forces de l’ordre, elles, déplorent, outre cette incapacité à le détecter, la légalité de la détention du produit.
Sur son site (nouvelle fenêtre), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) liste d’autres désagréments médicaux causés par la consommation de ce gaz : perte de contrôle du dosage à mesure que la dépendance augmente ; douleurs nerveuses intenses (sensations de brûlure ou de décharge électrique) ; troubles, voire incontinence urinaires ; problèmes cardiovasculaires ; formation de caillots sanguins, potentiellement mortels en cas d’embolie pulmonaire ; hallucinations ; bouffées délirantes ; troubles psychiatriques de l’humeur ; diminution des réflexes ; troubles neurologiques chez les nouveau-nés en cas d’usage récurrent par la mère avant ou pendant la grossesse (deux cas avérés en 2023)…
Et à ceux qui croient que la vitamine B12 peut faire office d’ »antidote », légende urbaine de plus en plus répandue, l’Anses répond, catégorique, que celle-ci « sera systématiquement neutralisée et rendue inefficace »
par les effets du protoxyde d’azote.