• Deux juges d’instruction parisiens ont ordonné mardi 22 juillet un procès contre Rachida Dati et l’ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, pour corruption et trafic d’influence.
  • Invitée de LCI, la ministre de la Culture donne sa version des faits et rejette en bloc les accusations dont elle fait l’objet.

« Je ne renoncerai sur rien ». Quelques heures après avoir été renvoyée en correctionnelle pour corruption, Rachida Dati s’est montrée très offensive sur le plateau de LCI, ce mardi. La ministre de la Culture rejette tout pacte de corruption avec l’ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, et s’attèle à démontrer l’existence et la pertinence des prestations de conseil pour lesquelles elle est accusée d’avoir perçu 900.000 euros entre 2010 et 2012. Elle dénonce également « une justice qui s’est parfois mal comportée envers certains de (s)es proches » et le comportement de certains magistrats qui refuseraient, selon elle, « de faire leur travail selon le code de procédure ».

« Il y a une coïncidence en termes de calendrier »

« D’abord, il y a une coïncidence en termes de calendrier », regrette Rachida Dati. « Il y a une commission d’investiture lundi prochain s’agissant de la circonscription dans laquelle la mairie du 7e (arrondissement de Paris) est concernée et aujourd’hui, je reçois une ordonnance de renvoi. De la même manière, en 2019, l’enquête a été ouverte au moment où j’ai été investie comme candidate à la mairie de Paris. Je pose ça sur la table », détaille-t-elle. 

« Toute la procédure a été émaillée d’incidents »

Poursuivant sur un supposé « problème avec la justice », Rachida Dati assure que « toute la procédure » qui a abouti à son renvoi en correctionnelle « a été émaillée d’incidents ». « Je suis mise en examen sur un rapport incomplet », dénonce-t-elle, évoquant également « des perquisitions illégales » et des documents importants « introuvables ». « Je pensais que quand il y avait des demandes d’actes et qu’elles étaient rejetées, elles étaient motivées. Et ce n’est pas le cas », regrette l’élue de Paris. « Je demande des actes, des confrontations, on me les refuse », se désole-t-elle encore.

Par ailleurs, la ministre de la Culture s’insurge contre des « atteintes graves au droit de la défense » et certains magistrats qui « marchent dessus ». « Le procureur national financier m’a dit droit dans les yeux que mon dossier ne tenait pas et qu’il avait des difficultés avec son parquet », souligne-t-elle. 

« Il n’y a pas d’intérêt particulier »

« S’agissant des faits de corruption, ce n’est pas de l’argent public, ce ne sont pas des valises de billets, ce sont deux questions écrites posées dans le cadre de mon mandat de parlementaire européen », martèle Rachida Dati. « Voilà les deux questions écrites qui sont l’objet supposé de la corruption », pointe-t-elle, en brandissant deux feuilles. « Au Parlement européen, tout se fait dans une logique de groupes politiques, il n’y a pas d’intérêts particuliers. Vous défendez des secteurs, des conventions », ajoute-t-elle, rappelant que « le Parlement européen n’a pas voulu se constituer partie civile »

« Quels étaient les enjeux ? C’était en milliards d’euros »

La femme de 59 ans est ensuite revenue sur les 900.000 euros d’honoraires qu’elle est soupçonnée d’avoir perçus entre 2010 et 2012 pour un contrat de conseils juridiques au bénéfice de RNBV, la structure chapeautant l’alliance Renault-Nissan. Déjà, « ce sont des honoraires d’avocat, non pas des revenus. Je paye des charges, des impôts. De ces honoraires, il me reste environ 30% qui me reviennent », met-elle en avant. 

« Pourquoi l’alliance Renault-Nissan m’a demandé d’être leur avocate ? Il y avait des enjeux de fermeture de sites ou limitations de développement au Maroc, Algérie, Iran et Turquie. On m’a demandé d’intervenir pour négocier la pérennité d’investissement et du développement dans ces quatre pays et qu’il n’y ait pas d’expropriation en Iran », assure la maire du 7e arrondissement de Paris. Cette dernière assure avoir « exercé sa mission d’avocate pendant trois ans, dans le contexte très agité de l’époque ». « Quels étaient les enjeux ? C’était en milliards d’euros », glisse-t-elle. Selon l’élue, « Renault-Nissan ne s’est pas portée partie civile dans ce dossier car l’entreprise considère que ma mission d’avocate a été pleinement exécutée sur des enjeux stratégiques »

« Je ne renoncerai sur rien »

Rachida Dati a enfin écarté toute démission du gouvernement et compte bien se présenter aux prochaines échéances électorales dans la capitale. « Je ne renoncerai sur rien », soutient-elle. « Je ne suis pas condamnée. Je ne vais quand même pas mettre un genou à terre », souffle-t-elle. Et à la ministre de conclure : « je n’ai pas besoin que l’on me défende à ma place »

M.G

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