
Toshiko Tanaka avait 6 ans le jour où, entre les branches du cerisier sous lequel elle attendait une camarade pour se rendre à l’école, elle a vu le ciel disparaître dans un éclair blanc. « Puis tout est devenu noir », se rappelle-t-elle. Les Etats-Unis venaient de larguer la bombe atomique sur la ville d’Hiroshima, tuant 140 000 personnes, le 6 août 1945, quelques jours avant de bombarder la ville de Nagasaki, qui tuera 70 000 personnes. La bouche pleine de poussière, brûlée au visage, au cou et au bras droit, la petite fille parvient à rentrer chez elle, mais manque de perdre la vie ce jour-là.
Pendant soixante-cinq ans, elle s’est murée dans le silence et a porté seule le souvenir du 6 août, sans jamais le confier à quiconque, pas même à ses enfants. « J’ai essayé d’oublier ce jour », raconte Toshiko, 86 ans, à quelques jours de la commémoration des bombardements, survenus il y a quatre-vingts ans.
Aujourd’hui, Toshiko Tanaka, qui souffre de fatigue chronique liée aux radiations depuis son enfance, raconte son histoire sur tous les continents et plaide en faveur d’un monde débarrassé de l’arme nucléaire. En Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis et au Japon, elle partage ses souvenirs, accompagnée de sa fille, Reiko Tashiro, 60 ans, qui travaille dans le management interculturel à Kobe et traduit, à cette occasion, de l’anglais au japonais les questions posées à sa mère. « Le soutien de Reiko a renforcé notre relation », observe Toshiko Tanaka, interrogée, comme sa fille, par visioconférence.
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