- La mairie de Paris a mené ce lundi 13 octobre un exercice simulant une crue majeure de la Seine.
- En 1910, le fleuve parisien était sorti de son lit, paralysant la capitale pendant des semaines.
- Un scénario catastrophe qui pourrait un jour se reproduire, d’où l’importance de s’y préparer.
Paris et ses habitants sont-ils insuffisamment préparés pour faire face à une crue historique ? En 1910, quand la Seine avait atteint 8,62 mètres au pont d’Austerlitz, la capitale avait été paralysée pendant des semaines. Si l’on en croit les experts, la probabilité de voir advenir un tel événement est d’environ une chance sur cent par an, autant dire que la menace est bien réelle. Pour sensibiliser les habitants à ce type de catastrophe, qui impacterait directement ou indirectement « jusqu’à 700.000 personnes »
, la mairie de Paris a mené ce lundi 13 octobre un exercice simulant un débordement de la Seine sous l’effet d’un épisode orageux (nouvelle fenêtre). Pour en savoir plus sur ce risque naturel qui menace la capitale, TF1info a interrogé Marie Evo, la directrice du Centre européen de prévention du risque d’inondation (CERPI).
Selon la mairie de Paris, l’inondation représente le premier risque naturel qui menace la capitale. En cas de crue majeure, que se passerait-il ?
Le phénomène de la crue de la Seine est un phénomène naturel. Quand vous avez beaucoup de pluie qui tombe dans les bassins versants en amont et que l’eau n’arrive pas à s’infiltrer, le niveau des avenants augmente et cela fait déborder la Seine, jusqu’à ce que l’eau arrive à aller jusqu’à la mer. Contrairement aux crues torrentielles qui frappent le sud de la France, la montée des eaux sera lente, tout comme la décrue. Et par conséquent, cela impactera la métropole pendant deux à trois mois. Selon l’Institut Paris Région (IPR), cela impacterait directement ou indirectement plus d’un million de Franciliens. On n’est pas seulement impacté parce qu’on a les pieds dans l’eau. Les gens ne pourront plus se rendre au travail et faire leurs courses. Ils ne pourront plus rester chez eux, car ils n’auront plus d’eau potable ou de chauffage. Et donc, il est très important que les Franciliens se sentent concernés, parce qu’on ne pourra pas tous les évacuer et les reloger durant les longs mois de la crue et de la décrue.
La ville de Paris est beaucoup plus vulnérable qu’en 1910 face au risque d’inondation
La ville de Paris est beaucoup plus vulnérable qu’en 1910 face au risque d’inondation
Marie Evo
Comment peut-on se prémunir face à cette menace ?
On peut réduire aussi un peu l’aléa, mais on ne peut empêcher pas empêcher un phénomène naturel de se produire. Des aménagements ont été réalisés en amont, à l’instar des lacs réservoirs, mais cela ne suffira pas à empêcher que l’eau inonde les sous-sols et paralyse la capitale en cas d’événement météorologique majeur. Lors de la crue historique de la Seine en 1910, l’eau pouvait plus facilement s’infiltrer, car les terres en amont étaient moins imperméabilisées et moins compactées par les pratiques agricoles. Par conséquent, il y aura moins d’infiltration et plus de ruissellement, et donc la quantité d’eau qui arrivera dans la Seine sera plus importante. L’urbanisation et l’aménagement des berges de la Seine favorisent également le risque de crue majeure. La ville de Paris est beaucoup plus vulnérable qu’avant face au risque d’inondation. Les deux crues récentes de la Seine, en 2016 et 2018, ont eu le mérite de servir d’alertes et des actions continuent d’être menées afin de réduire la vulnérabilité de la métropole. Mais chacun doit s’y préparer, y compris les habitants, et c’est tout l’intérêt de cet exercice.
Le CEPRI a créé un outil pour aider les populations à s’y préparer. De quoi s’agit-il ?
Nous avons développé un jeu sérieux (serious game, en anglais) d’auto-mobilisation citoyenne, qui s’appelle la Fresque de la crue, pour savoir comment réagir en cas de crue majeure. Cela dure deux heures. Pour y participer, il faut se renseigner auprès de sa mairie d’arrondissement. La première partie de la séance est dédiée à l’explication du phénomène. Ensuite, les participants reçoivent des conseils sur ce qu’ils doivent faire pour se mettre en sécurité, trouver l’information pour être en alerte ou encore apporter une aide aux personnes vulnérables. Ce sont des phénomènes cycliques. On a eu la chance de ne pas l’avoir depuis un certain temps, mais cela va arriver un jour ou l’autre. Et donc, il est important qu’un maximum de personnes y soient préparées.