Sur la façade de la piscine Les Bains des Docks au Havre (Seine-Maritime), et avec l’accord de son concepteur, l’architecte Jean Nouvel, l’artiste malgache Joël Andrianomearisoa (lui aussi architecte) a inscrit, en lettres capitales dessinées avec des néons, la phrase énigmatique « Sur la vague infinie se joue le théâtre de nos affections ». Amusant contraste : de l’autre côté du bassin de l’Eure, qui la sépare de la piscine, la façade de l’Ecole nationale supérieure maritime affiche depuis longtemps en lettres géantes un plus pragmatique – dans la mesure où il ne s’agit pas d’une œuvre d’art – mais aussi plus encourageant « Rejoignez la marine marchande » !

Joël Andrianomearisoa a également investi un mur de la bibliothèque universitaire, proche de la gare, avec la phrase « Sur le crépuscule du temps se dessinent nos promesses éternelles », et publié, sous le titre ambigu La Vague affection, une longue lettre adressée au Havre, sous forme de poèmes – hélas pas exempts de fautes d’orthographe –, qui développe à loisir ses inscriptions murales.

Lire le reportage en 2023 : Article réservé à nos abonnés Le Havre revêt sa collection d’été d’art contemporain

Mais qu’on arrive au Havre par mer ou chemin de fer, le ton est donné. Celui d’une rencontre avec la ville, découverte pour certains, redécouverte pour d’autres, voulue depuis 2017 par le maire, Edouard Philippe (Horizons) : une manifestation d’art public baptisée « Un été au Havre ». Dotée d’un budget annuel de 3 millions d’euros, dont environ 20 % de mécénat, elle est gérée par un groupement d’intérêt public (GIP), créé en 2014 pour porter les ­projets et dirigé par Stéphanie ­Bacot-Pathouot. Le succès est là : 950 000 visiteurs en 2021, 1,3 million en 2022, mais 760 000 seulement en 2023 à cause, plaide la directrice du GIP, d’une météo peu clémente…

Onze artistes dans sept quartiers

Elle fut d’abord pilotée par Jean Blaise, qui a aussi revivifié Nantes, puis, depuis deux ans, elle a été confiée à Gaël Charbau. Le directeur artistique de la huitième édition d’« Un été au Havre » poursuit dans sa volonté affirmée en 2023 de déployer les installations artistiques dans différents quartiers de la ville, certains incontournables comme la plage et le port de plaisance, qui s’étendent de Sainte-Adresse jusqu’au Musée d’art moderne André-Malraux (Le MuMa, qui montre tout l’été des photographies historiques prises en Normandie entre 1840 et 1890) ou encore les Jardins suspendus, où l’artiste argentine Ad Minoliti (qui expose également au centre d’art contemporain Le Portique) a installé une œuvre colorée, mi-tableau, mi-nichoir à oiseaux, et des bancs tout aussi joyeux pour la contempler.

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