Tandis que Donald Trump sidère par ses convoitises territoriales, visant en particulier le Groenland et les richesses de son sous-sol, l’Union européenne (UE) prépare sans gesticulations un nouvel élargissement, avec près de dix pays candidats, des Balkans occidentaux à l’Ukraine. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, pousse ses services à avancer le processus autant que possible d’ici à 2030. Rien de comparable entre ces projets d’expansion que tout sépare, dans leur nature comme dans leur motivation et leur maturation. Mais les idées follement agitées par le prochain président américain valorisent par contraste l’originalité historique de l’intégration européenne : unir le continent sans la force.

Lire aussi | Union européenne : à quelle étape en sont les demandes d’adhésion ?

Bien que continuellement en voie de s’étendre, l’UE se définit comme l’inverse d’un empire. Depuis l’Europe des Six, son élargissement hier à neuf, douze puis quinze, aujourd’hui à vingt-sept, demain peut-être à plus de trente, réussit la prouesse, mal reconnue, d’opérer une forme d’expansion anti-impériale. Rappelons-le, aucun Etat n’est membre de l’Union contre son gré mais, au contraire, y est entré par un choix démocratique souverain, avec l’acquiescement unanime des autres membres. L’Europe unie se construit librement et sans contrainte. Aucune candidature n’est sollicitée.

Loin de vouloir absorber des territoires, l’UE s’ouvre, non sans réticences et difficultés, aux nombreux voisins qui frappent à sa porte – dont plusieurs abondent aussi en ressources stratégiques. L’ambition d’unité européenne se situe bien aux antipodes de l’irrédentisme trumpien. Et le Brexit a démontré qu’aucun membre n’y est retenu par la suite. Précédent méconnu, les habitants du Groenland avaient déjà décidé par référendum en 1982 de sortir des Communautés européennes [trois organisations internationales régionales préfigurant l’UE], que le Danemark avait rejointes près de dix ans plus tôt.

Projet post-impérial

Il vous reste 69.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version