
Le Parlement européen a largement rejeté, jeudi 10 juillet à Strasbourg, une motion de censure visant la présidente de la Commission. Issue de la droite, Ursula von der Leyen conserve le soutien de ses alliés sociaux-démocrates et centristes malgré les tensions en interne. Loin du minimum requis de 361 voix, la motion a été soutenue par 175 eurodéputés, surtout d’extrême droite, avec une douzaine de parlementaires de la gauche radicale.
Au sein de l’extrême droite, les Italiens du parti de Giorgia Meloni, plus conciliants avec Mme von der Leyen, n’ont pas pris part au scrutin. De l’autre côté, 360 eurodéputés – droite, centre, sociaux-démocrates et une partie des Verts – se sont opposés à la censure tandis que 18 parlementaires se sont abstenus.
Première force dans l’Hémicycle, la droite (PPE), dont Ursula von der Leyen est issue, a fait bloc autour de la présidente de la Commission. « Nous constituons le facteur de stabilité du projet européen. Nous avons donné à la Commission européenne la force dont elle a besoin en cette période de turbulences mondiales », a revendiqué le président du groupe, Manfred Weber.
Critiques de la gauche et du centre
L’Hémicycle n’a pas fait le plein, signe du peu de suspense autour de cette initiative vouée à l’échec, mais aussi, peut-être, des crispations au sein du camp proeuropéen. Cette tentative de censure avait en effet donné lieu à un débat agité, lundi.
La dirigeante allemande n’avait pas échappé aux critiques de la gauche et du centre, qui lui reprochent sa gestion trop verticale et accusent le PPE de cultiver l’ambiguïté avec l’extrême droite pour mieux remettre en cause des lois environnementales.
Au centre, le groupe Renew a voté « contre cette motion. Mais notre soutien à Ursula von der Leyen n’est pas acquis ». « Nous demandons la reprise en main de sa famille politique pour cesser ses alliances avec l’extrême droite », a souligné la présidente du groupe, l’eurodéputée française Valérie Hayer.
C’est un eurodéputé roumain d’extrême droite, Gheorghe Piperea (ECR), qui avait lancé la motion de censure, pour fustiger notamment le manque de transparence de la cheffe de la Commission dans le « Pfizergate ». Mme von der Leyen n’a jamais rendu public un échange de SMS avec le PDG de Pfizer, Albert Bourla, pendant la pandémie du Covid-19, quand l’Union européenne négociait l’achat de vaccins auprès de ce laboratoire américain.
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Gheorghe Piperea avait plus largement reproché à la Commission « d’abuser de ses pouvoirs » et « d’ignorer le Parlement », mettant en cause une « concentration non démocratique des décisions entre les mains » de Mme von der Leyen.
Absent lors du débat lundi, le président du groupe d’extrême droite des Patriotes, Jordan Bardella, était présent lors du vote et a fait signe à ses troupes de soutenir la censure.