La bélénophobie, ou peur des aiguilles, a un impact non négligeable sur les stratégies vaccinales : 10 % de la population redouteraient comme la peste les piqûres. Une étude originale publiée dans Cell Reports, le 17 septembre, suggère qu’une sorte de ventouse appliquée sur la peau pourrait offrir une solution indolore, et potentiellement plus efficace que l’injection sous-cutanée ou intramusculaire.

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« C’était assez inattendu de pouvoir stimuler le système immunitaire par l’étirement de la peau », convient Elodie Segura (Institut Curie, Inserm), qui a coordonné ces travaux avec Stuart Jones, de l’Institut des sciences pharmaceutiques du King’s College de Londres. Le dispositif, une petite pompe qui permet d’aspirer la peau tout en la mettant en contact avec un liquide de vaccination, avait été présenté en 2022 par l’équipe de pharmacologues britanniques. « Ils nous ont contactés pour nos compétences en immunologie », explique Elodie Segura.

L’enjeu était de déterminer les effets physiologiques engendrés par un étirement de la peau semblable à celui opéré lors d’un massage. Les observations ont d’abord été conduites sur des souris, après vingt minutes d’aspiration. Il est apparu que cette déformation transitoire de l’épiderme entraînait chez les cellules épidermiques, les kératinocytes, l’activation de gènes codant pour des marqueurs d’inflammation, capables d’attirer l’attention de cellules sentinelles de l’immunité, dites « dendritiques ».

Parallèlement, la perméabilité de la peau se trouvait augmentée, au niveau des follicules pileux. Cela favorisait à la fois l’entrée de molécules présentes sur des bactéries qui peuplent naturellement l’épiderme, mais aussi du produit vaccinal – en l’occurrence, un vaccin contre la grippe H1N1 fourni par Pfizer. Une cascade de réactions immunitaires entraînait in fine une production très efficace d’anticorps contre celle-ci, sans avoir besoin de la stimulation des adjuvants à l’aluminium parfois utilisés lors d’injections classiques.

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