
La garde nationale bolivarienne (GNB) du Venezuela, une des composantes des forces armées du Venezuela, s’est rendue coupable de « graves violations des droits humains et de crimes contre l’humanité » depuis plus de dix ans, a affirmé une mission de l’Organisation des Nations unies (ONU) dans son dernier rapport paru jeudi 11 décembre.
Cette mission de l’ONU a soutenu que des membres de la GNB avaient perpétré des exécutions, des « détentions arbitraires, des violences sexuelles et sexistes, ainsi que des actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants lors d’opérations (…) menées dans le contexte de manifestations et d’actions de persécution politique ciblée depuis 2014 ».
En septembre 2019, l’ONU a étendu sa surveillance sur la situation au Venezuela avec la création par le Conseil des droits de l’homme de cette mission internationale indépendante d’établissement des faits. Cette mission, qui ne s’exprime pas au nom de l’organisation, a documenté des faits qui selon elle « démontrent le rôle du GNB dans une répression systématique et coordonnée visant les opposants ou ceux perçus comme tels, et ce depuis plus d’une décennie », a dénoncé Marta Valinas, présidente de la mission citée dans un communiqué.
Les forces de sécurité du régime de Nicolas Maduro, y compris la GNB et la police, sont régulièrement accusées d’exactions, surtout lors de la répression de manifestations de l’opposition.
Torture, mauvais traitements et violences sexuelles ne sont pas des actes isolés
Les Etats-Unis, l’Europe et de nombreux pays d’Amérique latine ne reconnaissent pas les résultats du scrutin de 2024 qui a permis au président Maduro d’enchaîner un troisième mandat de six ans. L’opposition, elle, accuse le pouvoir de fraude. Lors des pics de protestations de 2014, 2017, 2019 et 2024, le GNB « a fait un usage excessif de la force, notamment en utilisant de manière inappropriée des armes létales et non létales », ajoute la mission dans ce rapport publié à Genève.
« Les actes de torture, les mauvais traitements et les violences sexuelles que nous avons vérifiés − y compris les agressions et les viols − ne sont pas des incidents isolés. Ils s’inscrivent dans un schéma d’abus visant à punir et à briser les victimes », a assuré Mme Valinas. « La mission a des motifs raisonnables de croire que des responsables du GNB ont joué un rôle déterminant dans les crimes faisant l’objet de l’enquête », a-t-elle ajouté.
Le rapport évoque également une « impunité structurelle » dans ce pays avec des cas constatés d’« enquêtes au point mort », de « paralysie procédurale prolongée », ou de « manipulation de preuves ». Selon les enquêteurs, la persistance de ces exactions témoigne des « défaillances » du système politique et de responsabilité vénézuélien, qui ont selon eux a « contribué à renforcer l’impunité », et avec « l’absence de justice adéquate exigent une réponse ferme des mécanismes de contrôle nationaux et internationaux », a encore exhorté Mme Valinas.

