• Les sphères complotistes se sont agitées ces derniers jours en évoquant un exercice nommé « Blue Orchid ».
  • Il s’agirait du nom donné par l’UE à une simulation de crise sanitaire majeure, organisée quelques mois seulement avant l’arrivée en Europe du Covid.
  • La Commission européenne a fourni à TF1info des précisions sur cette initiative, instrumentalisée en ligne pour entretenir l’idée d’une pandémie « planifiée ».

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L’info passée au crible des Vérificateurs

La période où le Covid frappait massivement la France et le monde est derrière nous, mais ce virus continue de nourrir de multiples théories et spéculations. En témoigne une série de publications récentes, relayées en ligne au sein des milieux conspirationnistes. Il est question d’un exercice nommé « Blue Orchid », une « simulation de pandémie » comme le résume (nouvelle fenêtre) le site FranceSoir.

Ce dernier, régulièrement épinglé pour son relais de fake news en lien avec la pandémie, souligne que ces travaux auraient eu lieu moins d’un an avant l’arrivée du virus. « Le timing a de quoi faire tiquer », nous dit-on, d’autant que l’UE se montrerait « particulièrement opaque » quand il s’agit d’aborder le sujet. Une attitude qui nourrit « doutes et soupçons », tout en renforçant chez certains la croyance d’une pandémie planifiée, orchestrée par les autorités au détriment des populations.

Un exercice de communication interne

L’initiative Blue Orchid, relate FranceSoir, aurait été dévoilée par « une question parlementaire du député autrichien Gerald Hauser », membre du parti d’extrême-droite FPÖ. L’intéressé, dont les propos sont repartagés en français, ne cache pas sa suspicion : « Pourquoi tous ces exercices ? On a l’impression que de nombreux acteurs s’attendaient déjà à l’arrivée d’une pandémie en 2020 », glisse-t-il.

L’intervention de l’élu autrichien au Parlement européen est consignée en ligne (nouvelle fenêtre). Dans une question adressée à la Commission, il a expliqué fin juillet qu’il n’était « pas possible de trouver d’informations accessibles au public sur l’exercice Blue Orchid […] qui aurait eu lieu le 8 février 2019, ni sur le site web du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), ni dans des rapports ou des publications »

Par le biais du commissaire européen à la Santé, le Hongrois Olivér Várhelyi, les instances de l’UE ont apporté une série d’éléments de réponse le 23 septembre (nouvelle fenêtre). Cet exercice, qui a bien eu lieu, s’est basé sur un scénario précis, « conçu pour évaluer la réponse initiale à l’importation d’un seul cas de peste pulmonaire dans un État membre ». Un cas de figure jugé « probable » au regard des « pandémies passées ».

Il s’agissait alors de « tester les canaux de communication entre la Commission et l’ECDC, y compris les outils informatiques tels que le système d’alerte précoce et de réaction, la vidéoconférence/audioconférence et les demandes formelles entre les institutions ». Ces travaux, apprend-on, « ont aidé la Commission et l’ECDC à mieux répondre à la pandémie de Covid-19 ».

Des ébauches de ces exercices remontent à 1998

Ces explications, un site comme FranceSoir ne les a pas relayées, se contentant de partager les doutes de l’eurodéputé autrichien. Contactée par TF1info, la Commission européenne apporte cette semaine une série d’éléments complémentaires. Elle explique notamment qu’il s’agissait d’un exercice de simulation à petite échelle, n’ayant pas vocation à faire l’objet d’une campagne de communication externe. « Les États membres de l’UE n’ont pas participé » à ces travaux, qui ont « impliqué le personnel de l’ECDC et de la Commission ». Certains agents ont assumé « la préparation du scénario et l’animation de l’exercice, tandis que d’autres ont joué un rôle actif dans la simulation, c’est-à-dire qu’ils ne connaissaient pas le scénario ». Ces derniers étaient au cœur de ce test grandeur nature, visant à évaluer leur réponse à une situation de crise en temps réel.

Ces simulations, nous indique-t-on, s’inscrivent « dans le cadre de la mise en œuvre de la décision (UE) n° 1082/2013 relative aux menaces transfrontalières graves pour la santé ». La Commission insiste sur le fait que ces textes datent de 2013, avec une « première ébauche qui remonte au XXe siècle », en 1998. Des initiatives « bien antérieures à la crise du Covid, puisque c’est dans les années 1990 que l’on a commencé à se rendre compte qu’instaurer un réseau de surveillance épidémiologique et de contrôle des maladies transmissibles dans la Communauté constituerait une démarche collective utile ».

La Commission répond enfin à la surprise de certains internautes, qui s’étonnent de voir les instances européennes communiquer sur une partie des exercices (tels que PANDEM-2, conduit en 2022 (nouvelle fenêtre)), sans prendre la peine d’en évoquer d’autres comme Blue Orchid. Pour comprendre ces disparités, il faut avoir en tête le fait que PANDEM-2 était d’une tout autre ampleur. Consacré au « développement de nouvelles solutions informatiques et de formation pour une gestion efficace des pandémies à l’échelle de l’UE », il a « été mené par les autorités de santé publique de deux pays ». Cet « exercice fonctionnel », tel qu’il est décrit, avait, une fois achevé, donné lieu à la réalisation d’une publication scientifique (nouvelle fenêtre) dans les colonnes des presses universitaires de Cambridge.

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Thomas DESZPOT

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