- Des publications prétendent montrer des Gazaouis dans un avion en route pour la France, suite à l’annonce de l’ouverture du droit d’asile aux réfugiés de la région.
- Il s’agit en réalité de la vidéo d’une équipe de football palestinienne venue en Europe pour un tournoi.
- Il n’y a donc pas d’afflux de réfugiés gazaouis vers l’Hexagone.
Suivez la couverture complète
L’info passée au crible des Vérificateurs
La Cour nationale du droit d’asile (CNDA) a accordé vendredi 11 juillet le statut de réfugiés (nouvelle fenêtre) à une femme gazaouie et son fils, une décision judiciaire inédite. Cette annonce agite depuis les réseaux sociaux, certains estimant que cette jurisprudence pourrait ouvrir la voie à de nombreuses demandes d’asile en France de la part des populations venant de l’enclave palestinienne.
Une vidéo (nouvelle fenêtre) est notamment partagée sur X (nouvelle fenêtre), accompagnée de légendes affirmant qu’il s’agit « d’un avion rempli de Gazaouis et de Palestiniens »
qui serait « en chemin »
vers la France, après qu’une « cour française »
a « déjà approuvé l’asile pour tous les Gazaouis »
. On y voit un groupe d’hommes et de jeunes garçons, vêtus aux couleurs du drapeau palestinien. Ils sont installés dans les sièges de l’avion, souriants, brandissent des trophées et font le signe « V » de la victoire avec leurs mains. L’équipe des Vérificateurs s’est penchée sur ces affirmations.
En effectuant une recherche par image inversée, nous retrouvons cette vidéo sur TikTok (nouvelle fenêtre). Elle a été publiée le 11 juillet sur le compte de Rawahel Charity Society (nouvelle fenêtre), l’équipe de football junior d’une association sportive basée à Toulkarem, en Cisjordanie occupée.
Sur la vidéo, on peut lire « vers la Suède »
en arabe. En explorant les comptes TikTok (nouvelle fenêtre) et Instagram (nouvelle fenêtre) de l’association, qui poste très régulièrement, nous découvrons que l’équipe, composée de 14 adolescents, est en voyage en Europe pour 46 jours dans le cadre d’un tournoi de football. Il s’agit de la Gothia Cup (nouvelle fenêtre), qui a lieu entre le 13 et le 19 juillet à Gothembourg, en Suède. Chaque année, 1900 équipes venues de 75 pays participent au plus grand tournoi international de football junior au monde.
Les jeunes sportifs sont également passés par la France (nouvelle fenêtre), où ils ont même visité le Parc des Princes (nouvelle fenêtre), avant d’aller disputer leurs matchs en Suède. La vidéo montre donc un groupe d’hommes et d’adolescents palestiniens, mais pas gazaouis, dans un avion en route vers la Suède, et non la France. Ce ne sont donc pas des réfugiés arrivant pour demander l’asile, mais une équipe de football qui va participer à un tournoi.
Pas de droit automatique
Alors d’où viennent ces fausses rumeurs ? La Cour nationale du droit d’asile (CNDA) a accordé vendredi 11 juillet le statut de réfugiés (nouvelle fenêtre)à une femme gazaouie et son enfant, en vertu de la Convention de Genève de 1951. Elle juge que « les ressortissants palestiniens originaires de la bande de Gaza non protégés par l’ONU peuvent se voir accorder le statut de réfugié »
, en considération « des méthodes de guerre utilisées par les forces israéliennes depuis la fin en mars 2025 du cessez-le-feu conclu le 19 janvier 2025 »
. Jusqu’ici, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) (nouvelle fenêtre) leur octroyait une «
protection subsidiaire
(nouvelle fenêtre)«
, qui permet de résider en France avec un permis de quatre ans maximum (nouvelle fenêtre), contre dix ans en cas d’asile (nouvelle fenêtre).
Mais contrairement à ce qui est dit dans ces publications (nouvelle fenêtre) sur X (nouvelle fenêtre), cette décision de justice ne signifie pas que tous les Palestiniens peuvent obtenir l’asile en France. Déjà, elle précise bien que les seuls concernés sont les Palestiniens de Gaza qui subissent la guerre, écartant ceux de Cisjordanie ou d’ailleurs. Ensuite, le statut est accordé à une femme qui n’est pas prise en charge par l’agence spéciale des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA (nouvelle fenêtre)), et après un examen de son dossier individuel. La Cour nationale du droit d’asile (CNDA) pose un principe favorable au demandeur d’asile, mais ne crée pas un droit automatique.
Par ailleurs, il reste très difficile de quitter la bande de Gaza, même pour ceux qui ont déjà obtenu la possibilité d’être accueillis en France. Pour l’instant, selon le Ministère des Affaires étrangères (nouvelle fenêtre), 174 personnes ont été évacuées en avril, parmi lesquelles des ressortissants français et leurs ayants droits, les personnels de l’Institut français de Gaza et à leurs familles, et des personnalités palestiniennes ayant un lien avec le pays.
Dans le cadre du Programme national d’accueil en urgence des scientifiques et artistes en exil (PAUSE) (nouvelle fenêtre), qui favorise l’accueil en France de chercheurs et artistes étrangers en situation d’urgence, dans des établissements français, 62 lauréats gazaouis doivent arriver en France. Mais seuls trois ont pu sortir de Gaza à ce jour. « 16 lauréats sont toujours à Gaza avec leurs familles »
, nous explique Marion Gués Lucchini, responsable du plaidoyer et des relations internationales à PAUSE. « Les demandes de soutien arrivent quotidiennement alors que la situation devient tous les jours plus insoutenable »
, ajoute-t-elle. L’un des lauréats du programme, Ahmed Shamia (nouvelle fenêtre), architecte et artiste, a été tué lors d’une frappe israélienne avant même de parvenir à quitter Gaza pour rejoindre la France.
Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N’hésitez pas à nous écrire à l’adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur X : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.