La copie d’un document officiel américain est relayée est ligne pour accuser l’administration Trump de bafouer la liberté d’expression.
Ce message assure que les fonctionnaires du département d’État outre-Atlantique ont désormais l’interdiction d’être abonnés à des médias « hostiles » au président.
Il s’agit d’une affirmation trompeuse : des abonnements institutionnels à une série de médias ont bien été résiliés, mais aucune consigne individuelle n’a été formulée.
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L’info passée au crible des Vérificateurs
Dans l’Amérique de Donald Trump, la liberté d’expression est-elle surtout un slogan ? Un mantra que l’on abandonne dès que l’on fait face à des discours critiques à notre encontre ? C’est ce que suggère une publication sur le réseau X, montrant la copie d’un document officiel envoyé par l’administration. « Le département d’État », nous indique-t-on (nouvelle fenêtre), « force tous ses employés à résilier leurs abonnements à des médias hostiles à Trump. » Une assertion trompeuse, qui s’appuie sur une récente décision officialisée par cet équivalent américain de notre ministère des Affaires étrangères.
Aucune mesure ne vise les abonnements individuels
Sur le document en question, tout à fait authentique, on peut lire en anglais le message suivant : « Le ministère procède à un vaste examen des dépenses afin de s’assurer que les ressources correspondent aux plus hautes priorités établies par le secrétariat d’État. » Dans le cadre de ces efforts, ajoute cette communication interne, « tous les abonnements aux médias non essentiels à l’accomplissement des missions et qui ne sont pas des revues universitaires ou professionnelles doivent être immédiatement interrompus ».
Il est précisé que cette décision « comprend, sans s’y limiter, les abonnements papier et électronique aux journaux, revues et autres périodiques ». S’ensuit une liste de publications, ciblées en priorité : on y retrouve l’hebdomadaire britannique The Economist, le célèbre New York Times, ou bien encore les agences de presse AP et Reuters.
Les diplomates américains sont-ils désormais privés d’une série de médias ? Faut-il y voir une atteinte frontale au pluralisme ? Lorsque l’on se penche sur cette mesure, on constate que la réalité est plus nuancée. Cette nouvelle directive, note le Guardian (nouvelle fenêtre), « s’appliquera à des centaines de bureaux diplomatiques américains à travers le monde », mais ne se traduit pas par des mesures qui visent individuellement les fonctionnaires. Sous couvert de participation à un vaste « effort de réduction des dépenses », résume la presse anglophone, ce sont les abonnements payants de l’administration qui vont être suspendus. Dans la ligne des vastes coupes budgétaires prônées par Elon Musk et ses équipes.
En clair, chaque individu demeure libre de s’abonner aux médias de son choix, mais les fonctionnaires du département d’État ne disposeront plus de comptes fournis par leur employeur. « Les salariés qui s’opposent à la résiliation d’un abonnement peuvent demander à le conserver, mais doivent présenter brièvement de solides justifications », ajoute le Guardian. Le quotidien, qui a recueilli des témoignages au sein des services concernés, évoque les craintes qu’engendre cette décision. « Cela mettra en danger la vie des Américains à l’étranger parce que nous sommes coupés des sources d’informations dont nous avons besoin chaque jour », confie sous couvert d’anonymat une employée.
Un choix qui fait aussi figure d’attaque contre les médias
Officiellement, la suspension de ces abonnements payant se trouve justifiée par la volonté d’effectuer des économies partout où elles sont possibles. Il faut néanmoins souligner que la plupart des médias concernés ont fait l’objet de critiques – voire d’attaques ciblées – de la part de Donald Trump. Il y a peu, le président américain a par exemple banni du Bureau ovale (nouvelle fenêtre) de la Maison Blanche et du « Air Force One » les journalistes de l’agence de presse AP.
Le New York Times, de son côté, est l’une des rédactions les plus souvent critiquées par le président américain. « Bidon », « stupide », « ignorant »… Les qualificatifs pour décrire le quotidien ont été multiples au fil des ans. Sans oublier, bien sûr, les innombrables accusations de « fake news » lancées à son encontre et qui ont visé d’autres titres de presse. En seulement deux ans au cours de son premier mandat, Donald Trump a qualifié à 36 reprises (nouvelle fenêtre) les médias « d’ennemis de la démocratie » sur son compte Twitter (désormais X).
Derrière des motivations en apparence économiques, la décision appliquée au sein du département d’État américain pourrait en coulisses revêtir un caractère assez largement politique. C’est en tout cas la lecture qu’en font certains articles outre-Atlantique. Le Washington Post, qui figure lui aussi parmi les cibles récurrentes de Trump, estime (nouvelle fenêtre) que ces résiliations d’abonnements s’inscrivent « dans le cadre des mesures de répression prises par l’administration Trump à l’encontre des entreprises de médias qui comptent le gouvernement américain parmi leurs clients ».
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