La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet : elle assure que « nous travaillons, en moyenne, 100 heures de moins par an que les Allemands ».
Elle reprend ici des observations réalisées par le Conseil d’analyse économique, qui tranchent avec les chiffres avancés par l’OCDE.
En fonction des méthodes de calcul retenues, on constate que les comparaisons sur le temps de travail par pays diffèrent très largement.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

« Les Français ne travaillent pas assez », assurait François Bayrou le 15 avril dernier à l’occasion de son discours sur l’état des finances publiques. Un constat que la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet partage : elle a ainsi expliqué (nouvelle fenêtre) cette semaine lors de la séance des questions au gouvernement que « nous travaillons, en moyenne, 100 heures de moins par an que les Allemands ». Dans la foulée, elle a précisé que « ceux qui travaillent le font tout autant » que chez nos voisins, mais que ce décalage est plutôt « le fait des jeunes et des séniors ». 

La méthode de calcul modifie radicalement les résultats

Face aux députés, Astrid Panosyan-Bouvet a avancé un chiffrage dont on retrouve l’origine dans une récente publication du Conseil d’analyse économique (CAE). Ce collège d’économistes, rattaché à Matignon, a mis en avant (nouvelle fenêtre) en mars « un déficit d’heures travaillées par habitant de l’ordre de 100 heures annuelles » en France « par rapport à ses voisins européens ». Le graphique qui suit, basé en partie sur des données de l’Insee, témoigne de ces écarts, avec l’Allemagne en particulier.

Depuis plus de 40 ans, on observe un temps de travail annuel moyen inférieur en France à celui observé en Allemagne. – CAE

Ces conclusions peuvent surprendre, d’autant que l’on se fie aux données avancées par l’OCDE, les résultats s’inversent : l’institution constate ainsi que l’on travaillait en moyenne en France 150 heures de plus par an qu’outre-Rhin, sur la base de chiffres pour l’année 2023. 

Pour expliquer ces différences majeures, il faut s’intéresser à la manière dont procèdent les deux entités pour effectuer leurs calculs. L’OCDE se concentre sur les « personnes ayant un emploi », laissant de côté celles au chômage, à la retraite, qui suivent des études ou se trouvent écartées du monde du travail pour des raisons de santé. Un indicateur dont on constate qu’il est plutôt favorable à la France lors des comparaisons européennes. Il explique en passant pourquoi Astrid Panosyan-Bouvet assure que « ceux qui travaillent le font tout autant » qu’ailleurs sur le Vieux continent. 

Le CAE, dans ses travaux, invite à une autre approche. Il assume de s’intéresser à un spectre plus large de la population. Sont ainsi pris en compte l’ensemble des habitants de chaque pays, âgés de 16 à 74 ans, et ce, sans distinctions. Avec cette méthodologie apparaît un « écart par rapport à nos voisins européens », qui « s’explique entièrement par la faiblesse du taux d’emploi français et non pas par le nombre moyen d’heures de travail par personne en emploi », nous détaille-t-on. Le CAE apporte une précision et note que ce sont avant tout les « taux d’emploi inférieurs chez les jeunes et les seniors » qui expliquent les différences mises en avant dans le graphique présenté plus haut. Dans des observations, il préconise ainsi sans surprise des politiques publiques qui mettent l’accent sur l’insertion professionnelle des jeunes.

Selon que l’on se focalise – ou non – sur les personnes qui sont en emploi, la mesure du temps de travail moyen évolue donc de manière très nette. Le gouvernement, en se référant aux chiffres avancés par le CAE, choisit de prendre en compte l’ensemble de la population en âge de travailler. Ce qui implique un regard plus large sur la société, incluant celles et ceux qui se trouvent éloigné(e)s du marché du travail.

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Thomas DESZPOT

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