• Des publications très partagées sur les réseaux sociaux affirment que le bissap, une boisson traditionnelle d’Afrique de l’Ouest, à base de fleurs d’hibiscus séchées, va être interdite en France.
  • Il lui serait reproché de poser un problème d’intégration alimentaire.
  • Il s’agit en réalité d’une fausse information créée de toute pièce avec l’IA.

Suivez la couverture complète

L’info passée au crible des Vérificateurs

Les breuvages non alcoolisés et plus sains (nouvelle fenêtre) que les sodas séduisent de plus en plus de Français. Parmi elles, le bissap, une boisson traditionnelle d’Afrique de l’Ouest, à base de fleurs d’hibiscus séchées. Mais selon (nouvelle fenêtre) de nombreuses publications sur TikTok (nouvelle fenêtre), ce jus à la robe rouge sera bientôt interdit dans l’Hexagone. 

Dans cette vidéo (nouvelle fenêtre), on apprend que cette « boisson venue des communautés noires » qui est un « symbole culturel » de la diaspora africaine, sera interdite dès le mois de septembre. Les personnes qui produisent, vendent ou achètent le produit pourraient être punies « d’une amende forfaitaire de 350 euros ». Mais pour quelle raison ? Le bissap « ne répondrait pas selon les autorités aux normes exigées pour être vendu légalement » et poserait un « problème d’intégration alimentaire » car il n’appartient pas « au patrimoine culinaire français »

Cette autre publication (nouvelle fenêtre) évoque une interdiction « dès janvier 2026, par Bruno Retailleau », afin d’éviter une « une africanisation des produits, perdant tour à tour leur identité française » et dénonce une loi qui « risque de diviser le peuple ». Dans les commentaires, certains dénoncent le fait que l’alcool et des sodas américains restent légaux, et que le bissap, « bon pour la santé », soit interdit. « Mais la blague c’est quoi ce racisme là », s’indigne un internaute. Mais si le style de ces clips se veut journalistique, ils ont en réalité été générés par intelligence artificielle. Les Vérificateurs se sont penchés sur cette fausse information.

Capture d’écran TikTok / Les Vérificateurs

Connu depuis l’Antiquité, l’hibiscus a d’abord été cultivé en Égypte et en Asie du Sud. Parmi les qualités qu’on lui attribue, la fleur stimule le transit intestinal, réduit les troubles gastriques (nouvelle fenêtre), a un effet diurétique et permet de réguler la tension artérielle. Le bissap, parfois surnommé « vin de l’Afrique », même s’il ne s’agit pas d’une boisson alcoolisée, se consomme sous forme d’infusion chaude ou comme jus froid. Son nom désigne une variété d’hibiscus sabdariffa en wolof sénégalais. La boisson est très populaire sur tout le continent africain, considérée comme un breuvage sain et un excellent rafraichissement. On en trouve dans de nombreuses épiceries et certains supermarchés français. 

En réalité, aucune source officielle comme Légifrance (nouvelle fenêtre) ou le Journal officiel (nouvelle fenêtre), qui publie les textes législatifs et réglementaires français, ne mentionne une interdiction du bissap ou de l’hibiscus (nouvelle fenêtre) en France. La boisson est autorisée à la vente et reste disponible, dans le cadre des régulations standard de la France et de l’Union européenne (nouvelle fenêtre). Il n’y a aucune trace d’une quelconque annonce de Bruno Retailleau concernant cette boisson, ni sur les réseaux sociaux, ni dans les médias, ni via les canaux officiels ou sur le site du ministère de l’Intérieur. 

Ces contenus sensationnalistes sont partagés par des comptes identifiés sur TikTok, qui partagent régulièrement de fausses informations pour faire réagir les internautes. On y retrouve des publications, qui ont toutes le même format : titre alarmiste, formules incitant le lecteur à cliquer. Une même voix off, générée par l’intelligence artificielle (IA) est reconnaissable dans tous les contenus. Tous ces indices sont typiques des vidéos générées avec l’IA, puis partagées sur les réseaux pour créer le buzz ou générer de l’argent. 

On observe une recrudescence de ce type de faux médias sur les réseaux sociaux, comme l’expliquaient déjà les Vérificateurs en juin (nouvelle fenêtre). Ils s’emparent de sujets du quotidien comme la supposée interdiction du GPS dans les voitures (nouvelle fenêtre) ou une prétendue limitation des retraits d’espèces (nouvelle fenêtre) par exemple, espérant toucher un large public. 

Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N’hésitez pas à nous écrire à l’adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur X : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.

Astrig AGOPIAN

Partager
Exit mobile version