Une vidéo devenue virale affirme que la série coréenne Squid Game est en réalité basée sur des faits réels.
Vue des millions de fois, elle montrerait les images d’archives de ces lieux où des enfants auraient été torturés dans les années 80.
Une fausse information réalisée à partir de photos générées par intelligence artificielle.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

« Un, deux, trois, soleil », n’est plus qu’un simple jeu des cours de récré. Depuis la sortie de Squid Game, cette phrase enfantine est aussi synonyme de fiction à succès. Mais d’après une publication devenue virale, elle serait surtout issue d’une histoire vraie. Sur Facebook, un internaute affirme ce lundi 6 janvier que la série la plus populaire de la plateforme Netflix serait « basée sur un véritable évènement de 1986 ».

Cette internaute affirme à tort que ces photos montreraient le bunker qui a inspiré la série Squid Game – Capture d’écran / Facebook

« Cela s’est passé dans un bunker dans un No man’s landen Corée du Sud », assure l’auteur de la publication (nouvelle fenêtre), photos à l’appui. Sur les clichés, les escaliers roses, les murs verts et les fenêtres en arches raisonnent indéniablement avec l’univers du réalisateur Hwang Dong-hyeok. « Les gens y étaient retenus en otages et ont dû terminer plusieurs matchs pour survivre », poursuit l’auteur. Alors, l’histoire sordide qui a cumulé 265,2 millions de vues est-elle en réalité inspirée d’un drame des années 80 ? Nous avons vérifié.

Des photos générées par IA

Un élément visuel permet rapidement d’identifier la source de cette affirmation : la présence du logo TikTok ainsi qu’un filigrane renvoyant à un compte sur la plateforme. Et c’est effectivement sur le réseau social préféré des ados qu’on retrouve les photos en question. Le texte incrusté sur la vidéo, vue près de 20 millions de fois (nouvelle fenêtre), est identique à celui publié sur Facebook. À savoir que ce « bunker » accueillait des otages « obligés de compléter des jeux pour survivre ». Et de conclure : « L’hôte des jeux aux idées inhumaines n’a jamais été retrouvé. » Un destin qui fait écho à la quête du personnage principal (nouvelle fenêtre) de la série dont l’objectif est de confronter le créateur du jeu. 

Pour en savoir plus, scruter les images. Et c’est l’une d’elle en particulier qui a attiré notre attention. On y trouve un boitier dans un couloir, sur lequel apparaissent des inscriptions. Sauf qu’elles ne correspondent à aucune lettre du hangeul, l’alphabet coréen. Un défaut caractéristique (nouvelle fenêtre) des photos générées par intelligence artificielle. En y regardant de plus près, d’autres indices passés inaperçus mettent sur cette piste. Les lignes de certains carreaux s’effacent, l’angle des marches est irrégulier et la rampe d’escalier, inégale, se fond dans le mur derrière elle.

Trois indices qui prouvent que les photos ne sont pas des archives, mais des contenus générés par IA
Trois indices qui prouvent que les photos ne sont pas des archives, mais des contenus générés par IA – Les Vérificateurs

Une piste corroborée par les trois outils de vérification que nous avons utilisés. Tous évaluent entre 89% et 99% la probabilité que ces clichés aient été générés par intelligence artificielle.

Pour le confirmer, nous sommes remontés jusqu’à l’origine de ces créations. Une recherche d’image inversée sur Google, qui renvoyait au forum en ligne Reddit, nous a permis de remettre la main sur un groupe Facebook (nouvelle fenêtre) d’amateurs de contenus produits par intelligence artificielle. C’est ainsi que nous avons identifié le créateur des photos, à savoir Cityhermitai. Auteur d’histoire d’horreur, il partage sur son compte Instagram ses créations d’univers inquiétants réalisées par intelligence artificielle. 

Les images de ce « bunker » prétendument situé dans un No man’s land entre les deux Corées n’ont donc jamais existé. S’il est vrai que des « camps de concentration » dans lequel des sans-abri, des personnes handicapées et des enfants orphelins auraient fait l’objet d’un « projet de purification sociale » (nouvelle fenêtre) dans les années 80 en Corée du Sud, le réalisateur et scénariste de la série à succès ne s’est pas appuyé de cette page sombre de l’histoire coréenne. 

Dans de nombreux entretiens, Hwang Dong-hyuk a révélé que l’histoire du personnage principal était plutôt inspirée des violentes grèves de Ssangyong, en 2009. « Je voulais montrer que, dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, n’importe quel membre de la classe moyenne peut tomber au bas de l’échelle économique du jour au lendemain », a-t-il récemment expliqué à l’AFP (nouvelle fenêtre). « Je voulais écrire une histoire qui soit une allégorie sur la société capitaliste moderne », notait-il aussi en septembre 2021 dans les colonnes du magazine Variety (nouvelle fenêtre)

En résumé, les images utilisées par un internaute en quête de buzz pour prouver que Squid Game ne serait pas une fiction ont été générées par intelligence artificielle. La série ne s’appuie pas sur des faits, mais puise tout de même son inspiration dans les problèmes socio-économiques réels qui secouent la société coréenne.

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Felicia SIDERIS

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