- L’ex-député Nicolas Dupont-Aignan s’émeut sur les réseaux sociaux du sort réservé à des vaches élevées dans les Alpes.
- Le ministère de l’Agriculture, assure-t-il, « laisse mourir en altitude et dans le froid » des bovins en pleine santé, « interdisant aux éleveurs de les redescendre à l’étable ».
- Si une maladie virale perturbe bel et bien la vie du bétail dans les Alpes, les vaches sont des animaux rustiques qui ne craignent pas la baisse des températures.
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L’info passée au crible des Vérificateurs
Président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan dénonce (nouvelle fenêtre) ces derniers jours sur X et Facebook un véritable « scandale »
. Solidaire des « éleveurs harcelés par l’État »
, il explique que « le ministère de l’Agriculture laisse mourir, en altitude et dans le froid, des vaches pourtant en parfaite santé »
. Les éleveurs, s’insurge l’ancien député, se voient interdire de « redescendre à l’étable »
leur cheptel. « Assez ! »
, lance-t-il, sans toutefois préciser les raisons pour lesquelles l’État agirait de la sorte en condamnant des animaux. Pour appuyer son propos, il partage une image sur laquelle on observe des bovins au milieu d’un champ enneigé.
Protéger les bovins d’une maladie virale
Cette sortie de l’ex-parlementaire ne vient pas de nulle part. Nicolas Dupont-Aignan n’apporte aucun élément de contexte, mais on observe bel et bien des vaches « coincées » dans les alpages. C’est notamment le cas en Isère, où les autorités ont pris des mesures pour lutter contre une épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Cette maladie virale, qui n’est pas transmissible à l’Homme, touche uniquement les bovins, buffles et zébus.
La détection d’un foyer de DNC dans le Rhône a conduit à étendre une zone réglementée, prévoyant entre autres des restrictions de mouvement pour les animaux, couplées à des campagnes massives de vaccination. En pratique, les éleveurs ne sont pas autorisés à redescendre leurs troupeaux des alpages, une manière de prévenir les risques de propagation de l’épidémie. En Isère, on dénombre 128 communes placées en zone de surveillance.
La situation est délicate pour les éleveurs, qui font face à des pertes (nouvelle fenêtre) directes (abattage, baisse de production) et indirectes (impossibilité de vendre, coûts de pension en alpage…). Pour autant, il est difficile de pointer du doigt l’État ou d’évoquer une forme de harcèlement. Des syndicats agricoles demandent de meilleures indemnisations, mais les autorités ne ferment pas les yeux sur la situation et cherchent avant tout à éviter que davantage d’animaux soient touchés. Outre la prise en charge des vaccinations, on note que des aides de l’État sont apportées pour compenser la perte des bêtes abattues ou aider à la reconstitution des cheptels. La région Auvergne-Rhône-Alpes, pour sa part, a annoncé une aide d’urgence de 300 à 400 euros par bovin euthanasié.
Une vache tolère bien mieux le froid que l’être humain
Plusieurs éléments font douter de la véracité de l’image partagée par Nicolas Dupont-Aignan. Les conditions météorologiques dans lesquelles se trouvent les vaches interpellent pour cette période de l’année, tout comme la densité de bêtes sur cette parcelle de montagne. Quelques détails – au niveau des cornes par exemple – suggèrent que nous avons affaire à une illustration réalisée à l’aide d’une IA générative. Si cette photo n’est pas authentique, il faut souligner que le président de Debout la France n’en est pas l’auteur : on retrouve (nouvelle fenêtre) en effet en ligne une version identique, postée 24 heures plus tôt.
Sur le fond, la démonstration de Nicolas Dupont-Aignan se révèle trompeuse. L’image des vaches sous la neige, couplée à son message évoquant le fait que le ministère laisserait « mourir, en altitude et dans le froid »
des animaux sains, traduit une méconnaissance de ces imposants mammifères. La Chaire bien-être animal, qui rassemble des experts de cette problématique, insiste (nouvelle fenêtre) sur le fait que « les bovins adultes ont plus de facilité à s’adapter à des températures froides qu’à des températures chaudes »
, ajoutant que « leur confort thermique est différent du nôtre ».
L’institution rapporte que « d’après la bibliographie scientifique, la température critique minimale d’un bovin adulte est de -13°C si le temps est calme, et de -25°C pour des vaches au pic de lactation »
. La « zone de neutralité thermique »
de l’animal sera quant à elle observée entre -10°C et +25°C. Il s’agit là de la plage de températures dans laquelle l’animal ne doit pas dépenser d’énergie supplémentaire pour maintenir sa température corporelle normale. Pour un être humain habillé, elle est comprise entre +20°C et +26°C. En clair, sauf chute majeure du mercure, il n’y a pour l’heure pas lieu de s’inquiéter pour la santé des vaches coincées en altitude, à condition que l’on puisse leur garantir une bonne alimentation.
Notons enfin qu’il n’y a rien de surprenant à voir une espèce mieux tolérer qu’une autre le froid ou la chaleur. Dans la nature, l’ours polaire ou le manchot empereur parviennent notamment à résister à l’hiver sous des latitudes extrêmes. Au cœur de l’Himalaya, le chat de Pallas est, lui aussi, très bien équipé pour résister au froid glacial. Avec ses petites oreilles arrondies et sa fourrure d’une rare épaisseur, ce félin singulier (nouvelle fenêtre) est capable d’évoluer à près de 5.000 mètres d’altitude.
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