- La région parisienne a été placée en vigilance orange canicule depuis mardi.
- Or la ville serait la « capitale européenne la plus mortelle en cas de canicule », d’après Rachida Dati.
- Une information authentique, mais qui ne permet pas de juger d’un quelconque bilan politique récent.
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L’info passée au crible des Vérificateurs
Paris sous le soleil peut sembler idéal pour visiter la capitale. Mais ça l’est moins lorsque le mercure monte. Sur son compte X, Rachida Dati a regretté ce lundi 11 août que la ville soit « la capitale européenne la plus mortelle en cas de canicule ».
Selon la ministre de la Culture, candidate pour prendre les rênes de la ville aux prochaines municipales (nouvelle fenêtre), les Parisiens paieraient le « bilan de la politique d’Anne Hidalgo »
. « Quatre plans climats et des centaines d’annonces après, Paris n’a jamais été autant une fournaise »
, a-t-elle écrit (nouvelle fenêtre), ironisant sur les « donneurs de leçons ».
Mais qu’en est-il réellement ? Nous avons vérifié.
Paris présente le « risque le plus important »
Cette information, on la retrouve bien dans une étude du Lancet Planetary Health.
(nouvelle fenêtre)
Publiée en mars 2023, elle analyse la « surmortalité attribuée à la chaleur et au froid »
dans 854 villes européennes. Pour ce faire, les chercheurs du département de santé publique, environnement et société de l’Université de Londres ont examiné les relevés météo, les statistiques démographiques et les relevés topographiques, socio-économiques et environnementaux des villes. Et le constat est sans appel. Tandis que Londres est la ville la plus meurtrière en cas de vague de froid, Paris affiche bien le risque de mortalité le plus élevé lors des pics de chaleur (nouvelle fenêtre)par rapport aux autres capitales. Seules les villes de Bologne, Milan, Salamanque et Capri présentent un risque plus élevé.
Reste qu’il faut apporter plusieurs nuances à cette conclusion. Et c’est l’auteur de ces travaux qui nous les donne. D’abord, les résultats de cette « étude épidémiologique »
s’appuient sur les températures enregistrées entre 2000 et 2019, souligne Pierre Masselot. Or, la capitale français a enregistré « des vagues de chaleur extrême »
sur cette période, rappelle le professeur au département de la Santé publique, de l’environnement et de la société, citant par exemple « la vague de chaleur meurtrière d’août 2003 ».
Construction, végétalisation : des solutions durables contre la chaleurSource : JT 20h Semaine
Ensuite, « Paris a une situation spéciale »
, relève le chercheur. Notamment à cause de l’impact de l' »îlot de chaleur urbain »
. Comme nous l’expliquions dans cet article (nouvelle fenêtre), ce phénomène transforme certains centres urbains « en véritables radiateurs »
. Il peut être lié à différents paramètres, dont la densité de la ville, les propriétés d’absorption des matériaux, les activités humaines et la raréfaction d’espaces verts. Une étude de l’atelier parisien d’urbanisme (nouvelle fenêtre)montre que dans la capitale, cet écart s’élevait à 8,4 °C entre le centre de Paris et Melun lors d’une nuit de canicule en 2012.
Une spécificité qu’elle partage avec une autre capitale : Londres. Sauf que si la ville britannique a une « très forte vulnérabilité »
à la chaleur, « elle enregistre beaucoup moins de hautes températures ». « Les températures enregistrées sont plus élevées à Paris qu’à Londres, donc mécaniquement le risque est plus important »,
conclut notre interlocuteur.
À noter enfin que les travaux commencent en 2000 pour s’arrêter à 2019. Ce qui signifie que la majorité des données ont été collectées avant le mandat d’Anne Hidalgo (nouvelle fenêtre), qui a débuté en 2014. Depuis, la municipalité a fixé plusieurs objectifs, dont la 3ᵉ édition du « Plan Climat » qui transpose à l’échelle de la ville les objectifs de la Cop21. Des ambitions dont certaines ont été saluées par la Cour des comptes. Dans son rapport (nouvelle fenêtre)sur l’adaptation des villes au changement climatique, il décrit par exemple comme « prometteurs »
les résultats du réseau de froid urbain créé dans la ville.
En résumé, si Paris est bien la capitale européenne où la chaleur montre le risque le plus élevé de mortalité, « ces résultats ne peuvent pas être utilisés pour juger d’un bilan politique »
, comme le résume le chercheur Pierre Masselot. La seule ambition de l’étude citée par Rachida Dati n’est pas de dresser un bilan d’une politique locale, mais de « fournir des informations précieuses aux élus pour l’élaboration de politiques climatiques et de santé publique nationales, régionales et locales »
.
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