Quand Valentyna (les personnes citées par leur prénom n’ont pas souhaité donner leur patronyme) passe devant le garage automobile situé sur la route qui mène à Monclar-de-Quercy, une commune rurale du Tarn-et-Garonne, elle a toujours un regard pour sa voiture, en panne depuis un mois. L’Ukrainienne de 43 ans est attachée à cette Renault Mégane, dont elle a fait l’acquisition en août. Il y a trois ans, quand elle a fui la guerre et rejoint la France, elle n’avait même pas le permis de conduire. Aujourd’hui, il est pour cette ancienne enseignante le symbole de l’autonomie qu’elle a négociée, laborieusement – elle a raté cinq fois l’examen. Valentyna est hébergée avec ses deux enfants dans un bungalow sur la base de loisirs de Monclar-de-Quercy, aux côtés d’une centaine d’autres Ukrainiens. L’été, le site boisé s’emplit de vacanciers. Hors saison, il retrouve sa solitude, à des kilomètres du premier arrêt de bus.
Depuis quelques mois, le gestionnaire des lieux a fait comprendre aux Ukrainiens que leur prise en charge n’allait pas durer. Dans un contexte budgétaire contraint, le gouvernement veut mettre fin au dispositif national d’hébergement qui leur est dédié. Symbole de ce retrait : le préfet mandaté pour organiser leur accueil n’a pas été remplacé depuis qu’il a été nommé en juillet dans le Loir-et-Cher.
« On a fait du sur-mesure pendant les deux premières années, et puis le sujet a été délaissé », analyse une source au ministère de l’intérieur, sous le couvert d’anonymat. Aujourd’hui, selon les derniers chiffres de l’Office français d’immigration et d’intégration, un peu plus de 35 000 Ukrainiens bénéficient en France de la protection temporaire, auxquels il faut ajouter leurs compatriotes ayant demandé et obtenu l’asile, qui étaient plus de 12 000 à la fin de 2024, une orientation encouragée par l’Etat afin d’orienter les Ukrainiens vers l’ensemble des dispositifs de droit commun.
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