• La France envisage de mettre en place un service militaire sur la base du volontariat.
  • L’objectif ? « Renforcer la cohésion nationale », alors que de nombreuses menaces internationales guettent.
  • Aujourd’hui, les armées françaises comptent environ 200.000 militaires d’active et 47.000 réservistes.

Une piste sérieusement envisagée. Tandis que les troupes françaises ont défilé ce lundi 14 juillet sur les Champs-Élysées, à Paris, Emmanuel Macron laisse la porte ouverte à l’instauration prochaine d’un service militaire volontaire. Dimanche, le président de la République a évoqué la nécessité d' »efforts » à mener « sur notre réserve » de soldats. « Il faut une nation capable de tenir, d’être mobilisée« , a-t-il insisté, alors que l’Europe est « mise en danger« , entre autres par les velléités de la Russie, à l’est du continent.

Selon lui, ce contexte impose donc de « donner à la jeunesse un nouveau cadre pour servir, selon d’autres modalités, au sein de nos armées« . Le chef de l’État devrait faire part de sa décision sur le sujet « à l’automne« . Publiée à l’occasion du 14-Juillet, la revue nationale stratégique, une série d’analyses directement commandée par Emmanuel Macron, insiste dans le même esprit sur l’hypothèse d' »un service militaire volontaire rénové« . D’après ce document, cette solution permettrait « aux Français majeurs de recevoir une formation militaire socle » tout en « pouvant déboucher sur un engagement« .

« Une masse » de soldats à « acquérir »

Pour l’armée, l’intérêt d’un tel dispositif est multiple. Emmanuel Macron vient d’annoncer un effort budgétaire conséquent pour la défense française. Or, de nouvelles troupes sont également nécessaires pour assurer la sécurité du pays dans les prochaines décennies. L’objectif comptable est clair : les effectifs doivent grimper de 200.000 militaires d’active et 47.000 réservistes environ à 210.000 et 80.000 personnes d’ici à 2030. La mobilisation sur la base du volontariat d’une certaine classe d’âge pourrait donc contribuer à renflouer les rangs français en cas de guerre. 

Un moyen, en somme, d' »acquérir la masse » nécessaire pour tenir dans la durée en cas de conflit armé, selon l’expression du chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill. « Un des enseignements de [la guerre en] Ukraine, c’est que ce sont les armées qui gagnent les combats, mais ce sont les nations qui gagnent les guerres« , souligne le responsable militaire. Pour lui, l’armée française devrait dans le futur mêler professionnels, réservistes et volontaires effectuant leur service militaire volontaire. Ce nouveau cadre constituerait aussi selon lui une façon d’ouvrir « un des robinets de la réserve« , en suscitant l’envie de s’engager auprès des jeunes. 

L’exemple « laborieux » du SNU

Cette solution est-elle crédible ? Aujourd’hui, un service militaire volontaire (SMV) existe déjà dans les faits depuis 2015. Mais son cadre est bien différent : il s’agit dans ce cas d’un dispositif de formation et d’insertion professionnelle avec un encadrement militaire. Celui-ci est aujourd’hui choisi par 1000 personnes environ par an. Le projet d’un service militaire volontaire « rénové » viserait bien plus large, en promouvant l’idée de « renforcer la cohésion nationale » et de « créer un réservoir de personnes mobilisables en cas de crise« , détaille la revue nationale stratégique.

Pour autant, tous les experts ne sont pas d’accord sur la pertinence d’une telle mesure. « Si l’objectif, c’est la cohésion sociale et nationale, je pense qu’on fait fausse route« , pointe ainsi la sociologue Bénédicte Chéron, spécialiste du lien armée-Nation, auprès de l’AFP. « Un service militaire, même quand il mobilise massivement chaque classe d’âge, ne vient pas infléchir les grandes tendances sociales et politiques qui sont à l’œuvre dans une société.« 

La chercheuse évoque par ailleurs l’exemple du service national universel (SNU), initié par Emmanuel Macron, mais qui a connu des difficultés pour trouver son public. Ce service civil, destiné aux 15-17 ans, avait pourtant pour ambition de « susciter du volontariat » chez les jeunes, poursuit Bénédicte Chéron. Or, « il l’a été laborieusement, et ce n’était que pour deux semaines » de stage, ajoute-t-elle.

T.A. avec AFP

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