Antoine a perdu 52.000 euros sur OmegaPro, un site de cryptomonnaies contre lequel des milliers de personnes ont déposé plainte.
Une équipe de TF1 est allée à sa rencontre.

« C’est se faire du mal pour rien », lance Antoine, la gorge nouée, en passant devant des annonces immobilières. Rêvant d’acheter une maison, ce quadragénaire a perdu 52.000 euros sur un site de cryptomonnaies. Son nom ? OmegaPro. Une plateforme découverte via une publicité sur les réseaux sociaux, promettant un rendement défiant toute concurrence, +300% en 16 mois. 

« J’ai vu cette opportunité comme le bon plan. On se dit que c’est un peu fou de multiplier par trois sa mise en un an et demi », reconnaît Antoine. Après avoir investi 12.000 euros en 2022, et face à des débuts prometteurs, il réinvestit 40.000 euros. Mais quelques mois plus tard, en juillet 2023, le site et son argent disparaissent. « Je me suis fait embarquer dans une aventure qui était finalement un cauchemar », déplore l’interessé. 

Un système pyramidal incitatif

À son lancement en 2019, les créateurs d’OmegaPro tentent de paraître crédibles, s’affichant en photo aux côtés de la famille princière à Dubaï, et revendiquant le soutien de stars du cinéma et de légendes du football. Mais peu de temps après la création de la plateforme, de nombreux pays, dont la France, la placent sur leur liste noire notamment pour sa promotion de « gains irréalistes« . 

Domiciliée à Dubaï, elle se réfugie à Saint-Vincent et les Grenadines (en Amérique du Nord), puis au Panama. En quatre ans, le site attire des clients dans le monde entier, dont des milliers en France. « Ce sont des victimes qui ont perdu 1000 euros pour certains, 150.000 euros pour d’autres, 170.000 euros », rapporte Maître Marc Halard, qui représente plus de 250 personnes. 

Des banquiers, des conseillers, qui se seraient enrichis sur le dos de leurs clients grâce au système pyramidal d’OmegaPro. « À chaque fois que d’autres investisseurs entrent dans l’escroquerie, on monte dans la pyramide. Jusqu’à atteindre un rang que l’on appelle ‘Top Leader' », détaille l’avocat dans le reportage en tête de cet article. Selon lui, une vingtaine de Top Leaders auraient fait fortune en trompant sciemment leurs clients. 

Je mériterais peut-être même de passer en justice

Ancien Top Leader

Aujourd’hui, l’un des Top Leaders s’excuse dans une vidéo diffusée sur internet. « J’estime que nous avons été complices de quelque chose de terrible, et je suis resté dans le silence jusqu’à aujourd’hui parce que je gagnais beaucoup d’argent avec le réseau, et je mériterais peut-être même de passer en justice, d’être jugé et peut-être même sanctionné », explique-t-il dans la vidéo.  

Sur une photo publiée dans un groupe de discussion privée, un autre leader se vante de toucher 7540 dollars par semaine (7000 euros). Plus de huit mois après la disparition d’OmegaPro, ses fondateurs sont toujours en liberté, et des milliers d’investisseurs français sans nouvelles de leur plainte.

Si des enquêtes régionales ont été ouvertes en France, le parquet de Paris n’en a ouvert aucune pour l’heure. Les juridictions spécialisées dans la criminalité financière, elles, refusent de s’emparer d’un dossier qu’elles estiment trop complexe. « Elles nous disent que ça prendrait beaucoup de temps, mais c’est bien à elles de prendre le temps. (…) Ne pas juger les gens qui ont commis ces infractions, c’est les autoriser à recommencer éternellement », s’insurge l’avocat Maître Marc-Antoine Aimard. 


M.T | Reportage TF1 : Julien Cressens, Quentin Danjou et Nicolas Martineau

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