« Le temps de la négociation n’est pas pour demain », assurent, jeudi 23 janvier, sur LCI les ministres français et allemand de la Défense.
Invités de Darius Rochebin, Sébastien Lecornu et Boris Pistorius ne détectent « aucune volonté particulière de Moscou de négocier » la paix avec Kiev.
Le couple franco-allemand a aussi évoqué l’état actuel de la menace russe sur l’Union européenne.
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Ukraine : bientôt trois ans de guerre
Le 24 février prochain, l’Ukraine entrera dans sa quatrième année de guerre contre la Russie. Quatre années de résistance. Mais toujours aucun signe de paix en vue. « Le temps de la négociation n’est pas pour demain », annonce, jeudi 23 janvier, le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, lors d’une interview commune sur LCI avec son homologue allemand Boris Pistorius.
« Nous ne voyons et détectons aucune volonté particulière du côté russe de passer à une table de négociations », indique-t-il, soulignant que même le président américain « Donald Trump durcit le ton avec le président (Vladimir) Poutine ».
« Là où le président Zelensky évolue dans sa prise de parole (…) et essaie d’emmener les opinions publiques à réfléchir au jour d’après, la partie russe elle continue d’intensifier les combats », affirme le ministre des Armées. « Vous avez de nouveau un agenda d’aide de la Corée du Nord à la Russie (…) avec des renforts importants qui continuent d’arriver. On est malheureusement encore dans un temps qui confine davantage à une forme d’escalade qu’à une désescalade. »
L’accord de paix doit donner une sécurité à l’Ukraine
L’accord de paix doit donner une sécurité à l’Ukraine
Boris Pistorius, ministre fédéral allemand de la Défense
Parmi les conditions indispensables à un futur traité de paix, Boris Pistorius en voit deux non négociables. « Il ne peut y avoir de paix sans impliquer les Ukrainiens », insiste sur LCI le ministre fédéral allemand. « L’accord de paix doit aussi donner une sécurité à l’Ukraine, afin que Vladimir Poutine n’attaque pas ce pays encore une fois trois ou quatre ans plus tard. On doit garantir la paix avec un mandat d’observation fort et robuste. » Mais, pour l’heure, « Poutine a montré qu’il n’est pas intéressé par des négociations de paix. »
La Russie réinvente la guerre. (…) Désormais, on peut être défait sans être envahi
La Russie réinvente la guerre. (…) Désormais, on peut être défait sans être envahi
Sébastien Lecornu, ministre de la Défense
Selon Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie de l’UE, les services secrets européens alertent même sur la probabilité d’une attaque russe dans les prochaines années. « Beaucoup de nos services de renseignement nationaux nous disent que dans trois à cinq ans, la Russie pourrait tester la préparation militaire de l’UE », a-t-elle relaté lors d’un événement organisé par l’Agence européenne de défense à Bruxelles.
Une menace prise au sérieux par la France et l’Allemagne. « On sait que Poutine réarme énormément son pays, (…) il a transformé l’économie en économie de guerre. Il produit plus que ce que nous avons dans nos propres stocks. L’année prochaine, il y aura 1,6 million de soldats russes », note Boris Pistorius. « Il a bien parlé d’une guerre, d’une dominance mondiale. (…) D’ici quatre ou cinq ans, Poutine pourrait avoir créé les conditions nécessaires pour attaquer. S’il attaque vraiment, tout dépendra de notre capacité de dissuasion. »
Néanmoins, « il n’y a pas de renseignements qui laissent à penser qu’il y a des plans d’attaque des pays de l’Union européenne à court terme », rassure son homologue français Sébastien Lecornu. Avant de citer des pays, comme la Géorgie et la Moldavie, qui pourraient « faire l’objet d’une déstabilisation à court ou moyen terme ». « Nous devons être vigilants. Ce sont des pays vulnérables et dans lesquels les ingérences russes sont nombreuses », met-il en garde.
« La Russie réinvente la guerre. Désormais, on peut aussi être défait sans être envahi », prévient le ministre de la Défense, évoquant « les navires fantômes russes » ou « les attaques sur les câbles sous-marins et les infrastructures énergétiques européennes ». « Ce n’est plus aussi simple que les chars ou la paix. Il y a toute cette zone grise où on n’est pas complétement en guerre ni complètement en paix. »