• Le procès en appel des viols de Mazan s’est ouvert ce lundi à Nîmes (Gard).
  • Dominique Pelicot a affirmé que Husamettin D., seul condamné à avoir fait appel, était conscient « de l’état » de sa femme au moment des faits.
  • « Je suis là car je n’ai jamais voulu violer cette dame, que je respecte », avait clamé l’accusé lundi, à l’ouverture des débats.

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Le procès hors norme des viols de Mazan

Dominique Pelicot a affirmé ce mardi 7 octobre que l’unique accusé au procès en appel des viols de Mazan, Husamettin D., cherchait « une personne pour abuser de son épouse à son insu ». Veste grise, chemise blanche, jetant un regard à son ex-femme, Dominique Pelicot, 72 ans, a été sorti de l’isolement de sa prison pour témoigner au procès en appel de ce dossier retentissant où un seul des 51 hommes condamnés à Avignon il y a un an a finalement maintenu son appel. Et comme attendu, celui que certains surnomment « l’ogre de Mazan » a donné du grain à moudre à l’accusation.

Ce 28 juin 2019, l’homme qui se présentait comme « Karim BM » (Karim bien monté, ndlr) sur le forum de rencontres sexuelles Coco.fr, fermé depuis, arrive à Mazan (Vaucluse). Dominique Pelicot lui demande de se déshabiller, de ne pas fumer, de se laver les mains à l’eau chaude : « Des obligations qui ne laissaient aucun doute quant à l’état de mon épouse lors de sa venue ».

Il voit un appareil sur un trépied, il n’a aucun doute, on voit bien que c’est filmé

Dominique Pélicot

« Il voit un appareil sur un trépied, il n’a aucun doute, on voit bien que c’est filmé » et pendant deux heures, il se livre à toutes formes de pénétrations : « Tout un ensemble de choses à l’insu de mon épouse ». Le président l’interroge : « Auriez-vous un intérêt à enfoncer D. ou un autre ? » « J’ai aucun intérêt sauf la vérité », assure Dominique Pelicot qui n’a pas fait appel de sa peine de 20 ans de prison.

Ce deuxième jour de procès se fait donc plus pressant autour de l’accusé, ex-ouvrier de 44 ans pour qui l’« étiquette de violeur » est trop lourde à porter. Affalé sur sa chaise, bras croisés, il ne semble toutefois pas réagir à cette nouvelle salve contre lui. Le matin, le commissaire divisionnaire Jérémie Bosse-Platière, qui a dirigé l’enquête de ce dossier hors norme a, lui aussi, dit n’avoir « aucun doute du fait qu’il ait eu pleinement conscience de l’état de la victime », sédatée préalablement par son ex-mari. « Toute personne qui voit les vidéos le comprend immédiatement ».

Je suis là car je n’ai jamais voulu violer cette dame, que je respecte

Husamettin D.

« Je suis là car je n’ai jamais voulu violer cette dame, que je respecte », avait clamé Husamettin D. lundi, à l’ouverture des débats. Il assure avoir cru participer au jeu consenti d’un couple libertin et affirme n’avoir « jamais su qu’elle était droguée », que son mari ne lui a « jamais dit ça »

Entre 2011 et 2020, Dominique Pelicot a reconnu avoir régulièrement drogué aux anxiolytiques Gisèle Pelicot avant de la violer et la faire violer par des dizaines d’inconnus recrutés sur internet. Le tout en filmant et archivant méticuleusement les actes commis sur celle-ci dans leur maison. En tout, 107 photos et 14 vidéos de cette soirée du 28 juin 2019, lors de laquelle l’accusé s’était rendu à Mazan, ont été retrouvées sur un disque dur de Dominique Pelicot, selon le chef d’enquête.

Gisèle Pelicot totalement « inerte et ronflante »

Sur plusieurs d’entre elles, dont certaines seront finalement diffusées mercredi, l’accusé apparaît en compagnie de Dominique Pelicot en train d’effectuer divers actes à une Gisèle Pelicot totalement « inerte et ronflante ». Le commissaire décrit notamment une scène sur laquelle la septuagénaire bouge légèrement et son agresseur se retire immédiatement.

« Il est clair que les deux hommes agissent de manière très prudente, minutieuse, de manière à ne pas faire de bruit », a martelé Jérémie Bosse-Platière. Et, selon le directeur d’enquête, si Dominique Pelicot a pu être « un peu directif », « il n’y a aucune contrainte physique, aucune menace », comme l’affirme l’accusé. « Je n’ai jamais forcé qui que ce soit, ils n’ont jamais eu besoin de moi », a lancé Dominique Pelicot.

Le procès doit se poursuivre mercredi avec l’interrogatoire de l’accusé et l’intervention très attendue de Gisèle Pelicot, devenue un symbole de la lutte contre les violences sexuelles.  Le verdict, initialement prévu mercredi soir, sera plus probablement rendu jeudi étant donné les retards pris à l’audience.

Rania HOBALLAH avec AFP

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