L’Allemagne s’interroge sur une réintroduction du service militaire obligatoire
Le débat sur une réintroduction du service militaire obligatoire revient en force en Allemagne à un moment où les Européens discutent d’une défense commune face au revirement en cours de l’administration Trump au profit de la Russie.
Le futur chancelier, Friedrich Merz, dont le camp conservateur CDU/CSU a remporté l’élection législative du 23 février, insiste sur la nécessité pour l’Allemagne et l’Europe de se préparer « au pire scénario », soit un lâchage de l’allié américain, en créant une défense autonome.
Or, « dans la situation actuelle de menace », la suspension du service militaire en Allemagne, effective depuis 2011, « ne convient plus », a estimé mardi Florian Hahn, un député CSU, allié bavarois de la CDU, auprès du journal populaire Bild. « Les premiers appelés devront franchir les portes des casernes en 2025 », a lancé le porte-parole pour les questions de défense du parti.
Dans une interview au magazine Stern, le vétéran de la politique allemande Joschka Fischer, ancien ministre des affaires étrangères écologiste (1998-2005), va dans le même sens. « Le service militaire obligatoire doit être réintroduit. Pour les deux sexes. Sans cette mesure, nous ne progresserons pas dans la protection de l’Europe », dit cet ancien défenseur de l’abolition de la conscription.
Les conservateurs, qui mènent actuellement des consultations avec le Parti social-démocrate (SPD) en vue de former une coalition gouvernementale, sont de longue date en faveur d’une réintroduction d’un service obligatoire, incluant aussi les jeunes femmes, avec possibilité d’accomplir un service d’intérêt général. « Nous avons besoin d’un effectif beaucoup plus important pour la Bundeswehr – je ne m’engage pas sur des chiffres – mais nous ne pourrons pas nous en sortir avec les effectifs actuels », a aussi déclaré Friedrich Merz lundi.
Actuellement, la Bundeswehr compte 181 174 personnels en uniforme, selon les derniers chiffres officiels.
Sous le gouvernement sortant, le ministre de la défense Boris Pistorius (SPD) – qui a de bonnes chances de figurer dans le prochain exécutif – avait élaboré un projet visant à inciter les jeunes à effectuer leur service militaire, en instaurant un recensement obligatoire des recrues potentielles. La perspective d’un retour de la conscription obligatoire était alors jugée compliquée. Se posait notamment la question des moyens d’accueil et de formation des conscrits alors que la Bundeswehr est en pleine remise à niveau après des années de sous-investissement sous les précédents gouvernements.